2021, le défi des confiances
Illustration : @demaincommenceajourdhui / https://www.instagram.com/demaincommenceaujourdhui/
Quand on écrit des chroniques et des articles, c’est un petit peu une tradition : le premier de l’année parle de sa « vision » de l’année à venir. Et chaque année, trouver une thématique pertinente et qui sera valable pour 365 jours n’est pas chose simple. Et pourtant, cette année, un mot m’est venu à l’esprit : la confiance.
En effet, 2020 a remis en cause un grand nombre de choses que nous pensions acquises, beaucoup de repères ont été perdus ou changés. C’est de cette instabilité qu’est né un stress ambiant que nous ne connaissions pas. Au premier janvier, tout n’est pas changé, bien entendu, mais nous commençons à voir le bout du tunnel, et à mieux comprendre, individuellement comme collectivement, comment avancer vers celui-ci.
Le choc psychologique planétaire qu’a été cette pandémie est maintenant derrière nous et après l’état de choc vient le temps de la reconstruction, de notre reconstruction, individuelle et collective. Mais comment reconstruire quelque chose de solide sans confiance ? Impossible, bien sûr.
Ainsi, le mot confiance m’a semblé central mais plus je réfléchissais à celui-ci, plus je prenais conscience de sa complexité. Il n’existe pas une confiance, mais des confiances qui impliquent différents acteurs, différents sujets. Impossible de résumer la confiance en une phrase lapidaire qui donnerait la recette parfaite pour arriver au bout du tunnel plus rapidement, ce serait trop simple, et c’est pour cela que voici, selon moi, les confiances les plus importantes sur lesquelles nous allons toutes et tous devoir agir dès aujourd’hui.
1- La confiance en nos salariés
Encore ce matin, j’entendais un spécialiste du recrutement me raconter que l’un de ses clients ne souhaitaient pas parler de télétravail dans ses annonces de recrutement car il souhaitait revenir en 100% présentiel afin de pouvoir surveiller ses salariés.
Le télétravail forcé que nous avons subi a révélé deux choses formidables pour les personnes qui savent observer :
· Les salariés se sont impliqués, parfois au-delà du raisonnable, autant en télétravail qu’en présentiel.
· Les managers qui ont mal vécu cette période sont les managers qui n’avaient aucune confiance en leur équipe et avaient le sentiment de perdre le contrôle de leur équipe.
La confiance accordée aux équipes est un élément central de la motivation et de la gestion d’équipe et 2021 verra l’adaptation d’un grand nombre de structures pour intégrer cette donnée comme étant centrale dans le management.
2- La confiance en nos entreprises
Les périodes de crise sont complexe à vivre pour les salariés du fait de l’incertitude générée pour l’emploi. Être salarié dans une entreprise en crise, c’est comme être passager d’un avion qui traverse des turbulences : il est plus rassurant d’avoir un pilote calme, serein et qui semble maîtriser la situation plutôt qu’un qui se met à hurler sous le coup de la panique, ou qui décide de prendre le seul parachute de l’avion pour s’échapper.
Les entreprises qui réussiront seront celles qui auront créé une relation de confiance forte entre les salariés, la stratégie de l’entreprise et le management. Confiance sur les résultats à venir bien entendu, mais pas seulement ; 2020 a été une année de remise en cause profonde de nos valeurs, de notre rapport au travail, de nos attentes de façon générale. Aucune entreprise ne pourra reprendre les choses telles qu’elles étaient avant la pandémie. La confiance nouvelle se construira sur plus de transparence, de partage de l’information et de la décision.
3- La confiance dans notre système économique
2021 sera l’année de la concrétisation de ce que l’année 2019 nous a appris avec les gilets jaunes qui exprimaient une perte totale de confiance vis-à-vis d’un système économique et politique et de 2020 qui a fait prendre conscience de façon collective que la confiance aveugle que nous avions dans nos systèmes ne reposait finalement pas sur grand-chose. Comment faire confiance en un système économique mondial qui est mis à plat ventre en quelques semaines par un virus ?
Certains laboratoires pharmaceutiques commencent à relocaliser leurs productions et un certain nombres d’autres industries remettent en cause les délocalisations à tous crins, notamment en Chine, qui ont montré leur limite pendant 2020. Avoir plus confiance dans le tissu industriel européen. Ne nous faisons pas d’illusion, tout ne changera pas en un claquement de doigts, mais 2021 sera une année étonnante de ce point de vue. Et au-delà des relocalisation, les approvisionnement se feront de façon plus locaux comme le montre une étude d’Euler Hermes (spécialiste mondial de l’assurance crédit) qui montre que 55% des entreprises vont chercher de nouveaux fournisseurs dans les 6 à 12 mois afin de ne plus être dépendant de fournisseurs qui peuvent être défaillants pendant un épisode de pandémie.
« La confiance s'acquiert, elle ne se demande pas : qui la mérite n'a pas besoin de la demander. » Émile de Girardin
4- La confiance en nous
Je ne sais pas vous, mais personnellement, face à la pandémie, je me suis senti bien petit, parfois inutile, à la merci d’un satané virus. Mais plus le temps passe, plus je vois l’impact incroyable que nous pouvons avoir dans un monde qui a changé de façon si radicale. Nous ne sommes pas sans défense face à une situation qui a pu pendant un temps semblé désespérée.
L’humanité toute entière s’est mobilisée contre un ennemi commun. Dans toute l’histoire de l’humanité, c’est la première fois que cela se produit. Alors, bien entendu, il y a eu quelques exceptions comme Trump ou Bolsonaro qui ont fait chevalier solitaire, mais mis à part ces deux personnages, le monde entier s’est mobilisé, jusqu’au monde de la recherche scientifique qui pour la première fois a partagé de façon massive des données sur le virus pour accélérer la recherche.
Oui, nous pouvons avoir confiance en nous pour gérer n’importe quelle crise. Peut-être que cette prise de conscience accélèrera la lutte contre le réchauffement climatique grâce à une confiance retrouvée en la capacité de l’humanité de faire bouger les choses.
5- La confiance en la science
Le plus gros défi, en tous cas à court terme, sera celui de la confiance en ce qui pourrait mettre un terme définitif à cette crise sanitaire. Des pays comme la Suède ou les Pays Bas qui ont essayé de traiter la crise par l’immunité collective en 2020 sont revenus en arrière, cela ne fonctionne pas. Les scientifiques qui nous prédisaient la fin de la pandémie avec l’été se sont trompés. Sans vaccin, nous pourrions avoir le Corona pendant des années. Nous pouvons le regretter, mais la seule issue définitive à cette pandémie, ce sont les vaccins.
Malheureusement, un grand nombre de personnes, dont vous faites peut-être partie, ne font pas confiance en ces vaccins et ne se feront pas vacciner, tout du moins dans un premier temps. Plus le temps passera, plus nous aurons de recul sur les vaccins et, peut-être, le niveau de confiance augmentera... et le pourcentage de personnes protégées avec ! Travaillons sur cette confiance. À mon tout petit niveau, je vous assure que le jour où je me ferai vacciner, je le partagerai sur tous mes réseaux sociaux. J’ai confiance en ces vaccins, je n’ai absolument aucun doute, au même titre que je n’ai aucun doute sur le fait que je veux pouvoir ressortir sans masque et que sans ces vaccins, cela ne serait peut-être plus jamais possible.
CONCLUSION
Oui, nous voyons le bout du tunnel, mais il reste du chemin à parcourir. Plus nous serons rapides pour reconstruire toutes ces relations de confiance, plus nous y arriverons vite. Je ne sais pas vous, mais j’ai assez hâte de parler de la pandémie au passé. Rien que pour cette raison, mon niveau de confiance augmente car ce qui est en jeu est trop important pour que nous perdions du temps.
Alors... s’agit-il de confiance aveugle ? En aucun cas car je ne sais pas si vous le remarquez, la période que nous vivons est arrivée après une période de remise en cause d’absolument tout, de nos systèmes politiques, économiques, sociaux. Avant même la pandémie, notre niveau de confiance était au plus bas. Maintenant, il est urgent de reconstruire comme nos grands-parents ont su le faire après la seconde guerre mondiale et de retrouver la confiance la plus importante de toutes : la confiance en l'avenir !
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