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Faut-il être méchant pour réussir ?


C’est amusant car en écrivant ce titre, j’entends d’ici une sorte de cri du coeur venant comme toute réponse : « OUIIIIIIIII, bien sûr qu’il faut être méchant pour réussir ». Bien… désolé de décevoir mais je ne vais pas être d’accord. Pourquoi ? Car avant de pouvoir répondre à cette question, il faut avant tout se demander quelle est notre définition de la réussite. Certains disent que sans Rolex à 50 ans c’est la loose et d’autres ont une vision plus… disons… nuancée ! L’inconscient collectif attribue cette phrase de la Rolex à Nicolas Sarkozy alors qu’elle n’est pas de lui mais de Jacques Seguela (ex publicitaire génial des années 80, créateur entres autres de la première campagne de François Mitterand, "la Force Tranquille") parlant de Nicolas Sarkozy. Il a dit parlant de son ami : « il aime les Rolex, et alors? Tout le monde a une Rolex. Si à 50 ans on n'a pas une Rolex, c'est qu'on a quand même raté sa vie ». Je crois que cette déclaration est un vrai tournant dans la vision que les Français ont de la réussite tant cette déclaration cumule à la fois de la stupidité ainsi qu’un décalage complet avec ce que sont les vrais gens. Ce que nous dit Séguéla dans cette phrase est assez simple : réussir, c’est avoir de l’argent, beaucoup d’argent (pour mémoire, la Rolex la plus nulle, la « Oyster », est à plus de 3000€)… et je crois que, ça, c’est profondément stupide. Cette phrase serait probablement passée inaperçue dans les années 80 mais là, elle marque la fin définitive d'une époque que l'on a parfois appelé "les années fric". Une chose m’a frappé, et marqué à vie lorsque j’avais 18 ans. A l’époque, avant d’entrer en école de commerce, il était obligatoire de faire ce que l’on appelait un « stage ouvrier ». Moi, j’ai été pendant trois mois bagagiste à la SNCF, en 3*8. Je sortais de l’une des meilleures classes préparatoires de France, avait réussi le concours de l’une des meilleures école de commerce de France alors j’allais forcément à ce stage à reculons, petit prétentieux que j’étais… sauf que c’est lors de ce stage que j’ai compris ce qu’était la réussite. Je parlais à l’un de mes collègues, bagagiste de carrière lui, depuis plus de 20 ans, un peu surpris de le voir si heureux je lui demande : - Pourquoi es-tu si heureux ? - Ben, sans moi, les gens ne pourrais pas passer de chouettes vacances. Si je fais mal mon travail, leur valise n’arrive pas à destination avec eux et, ça, ça me rend heureux, chaque jour. Je suis resté sans voix et, à 18 ans, j’ai compris que la réussite, ça n’était pas une question de d’argent mais une question de satisfaction personnelle dans ce que l’on fait au quotidien. Et le truc génial, c’est que cette satisfaction dépend de chacun. Il n’y a pas de mesure universel de la réussite que serait son compte en banque. Les années 80, autrement appelées les « années Tapie » nous ont mis dans la tête que la réussite était forcément liée à son compte en banque, nous faisant oublier que l’épanouissement personnel était tout aussi important, pour ne pas dire plus. Ces années nous ont fait confondre réussite avec ambition et argent, en oubliant totalement l’humain en tant que tel. Attention, je ne dis pas que gagner beaucoup d’argent n’est pas chouette et ne peux pas être une motivation, je dis juste qu’il y a beaucoup de gens heureux qui ne gagnent pas des fortunes et que l’on a juste oublié pendant des années de valoriser cela ! Pire, des gens comme Séguéla regardent avec condescendance des gens qui ont peut-être mieux réussi globalement que lui tout en gagnant modestement leur vie. Alors rappelons-nous la question du début « faut-il être méchant pour réussir ». Après ce que je viens d’écrire, vous comprenez bien que la réponse est non, bien sur, mais la question n’est pas correcte. La vraie question, si l’on parle de méchanceté, est « faut-il être méchant pour avoir le pouvoir ? ». Là, cela devient plus intéressant et réaliste. Réaliste pour une bonne et simple raison c’est que tout le monde ne rêve pas, Dieu merci, d’avoir le pouvoir. À titre personnel, dans ma carrière, j’ai eu du pouvoir un certain nombre de fois et, ne nous mentons pas, j’adore ça. Mais ce qui me rend heureux comparativement à un certain nombre de mes congénères, c’est que je peux toujours dire à mes enfants en les regardant droit dans les yeux que la notion d’honnêteté, d’humanisme, de respect et de don de soi sont fondamentales sans avoir le sentiment de leur mentir. Avoir du pouvoir, ce n’est pas forcément être une ordure. Cependant, les années « Tapie » dont je parlais plus haut ont fait beaucoup de mal. Dans l’inconscient collectif, un patron est forcément une ordure sans coeur… le problème c’est que c’est parfois vrai, et les média préfèrent relayer cela que des patrons acteurs de la société comme peut l’être un Xavier Niel par exemple. Mais je crois qu’il y a une véritable prise de conscience et que les valeurs humaines reviennent petit à petit sur le devant de la scène, que le pouvoir à tout prix n’est plus une référence, que les équipes exigent de plus en plus de leur hiérarchie de prouver leur légitimité. La question devrait être « faut-il être méchant pour prendre et exercer le pouvoir » ? Je pense que la réponse est : oui et non. Oui car je suis franchement convaincu que pour pouvoir grimper dans la hiérarchie, il faut savoir être méchant avec soi-même, et ne pas s’en plaindre. Je ne vais pas pleurer des larmes de crocodiles sur la difficulté du rôle de manager mais il est vrai que ce n’est pas toujours simple et que cela impose une légère dose de masochisme. Je pense, sans aucune naïveté, qu’être manager c’est avant tout avoir une certaine dose d’altruisme envers ses collaborateurs et son entreprise. Pour cela, il faut parfois se faire passer au deuxième plan. Par contre, même si certaines études font un parallèle entre les traits psychologiques des grands patrons avec ceux d’un serial killer, je pense que ce type de management et de comportement est dépassé et contreproductif. Pour vous en convaincre, si ce n’est déjà fait, vous pouvez lire l’article concernant le management par la bienveillance ou celui sur le sourire comme méthode de management. Conclusion Vous l’aurez compris, je ne pense pas qu’il faille être méchant pour réussir et j’ai beaucoup d’exemples de réussites qui se font sans écraser son voisin, trucider son collègue, malmener ses collaborateurs ou tricher à tout va. De plus, réussir sans méchanceté présente deux avantages majeurs qu’il ne faut pas négliger : 1- il est toujours possible de se regarder dans la glace le matin sans avoir honte d’avoir jeté à la poubelle certaines de ses propres valeurs. Se sentir en phase avec ce que l’on est et pouvoir penser, sans douter, que l’on est « quelqu’un de bien », c’est le début du bonheur. Et ATTENTION, ne pas être méchant ne veut pas dire se laisser faire ! Il ne faut surtout pas confondre "gentillesse" et "naïveté". 2- réussir, c’est comme construire une maison, ça ne se fait pas du jour au lendemain. Et, comme une maison, si les fondations sont solides, la réussite sera durable. Généralement, réussir en étant méchant ne fait qu’une chose : créer des ennemis qui vous attendrons toujours au tournant… et ne vous aiderons pas le jour où vous en aurez besoin. Et, de vous à moi, je pense qu'il est plus simple de gagner de l'argent que de trouver un sens à sa vie, un bon équilibre et d'être tout "simplement" heureux !

Avec Bob sur scène

L'AUTEUR
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