Fier d’être un homme, fier d’être féministe !
Illustration : @demaincommenceajourdhui / https://www.instagram.com/demaincommenceaujourdhui/
J’ai commencé à travailler en 1992… et oui, au siècle dernier. J’ai commencé ma carrière en tant que commercial et depuis, je crois pouvoir dire que je fais partie de ces personnes qui ont testé beaucoup, beaucoup de métiers et de fonctions. Manager, bien entendu, mais aussi professeur, musicien, écrivain, conférencier, travailleur indépendant, producteur… la liste est longue.
Cependant, quelle que soit l’entreprise, le métier ou la fonction, le constat est le même : c’est tellement plus simple d’être un homme pour faire carrière que d’être une femme. Le constat est abrupt, mais réel.
Depuis toujours, je me suis battu à mon niveau pour l’égalité des salaires, la disparition du sexisme au quotidien, l’égalité des chances. Oui, je l’affirme, je suis féministe, j’en suis fier, tout autant que je suis fier d’être un homme.
LE FEMINISME N’EST PAS LA GUERRE DES FEMMES CONTRE LES HOMMES (ni l'inverse)
Quand j’ai lu cette phrase la militante féministe Alice Coffin, «Les hommes, je ne regarde plus leurs films, je n'écoute plus leur musique», j’ai eu de la peine, beaucoup de peine. Et quand elle ajoute, s’adressant aux femmes «Il ne suffit pas de nous entraider, il faut, à notre tour, les éliminer», je me dit que le combat de l’égalité femmes/hommes est loin d’être gagné.
Oui, les femmes ont été opprimées pendant des siècles par les hommes, et par la société créée par, et pour eux. Mais au même titre que je ne juge pas mon voisin allemand sur le fait que son grand-père ou sa grand-mère a peut-être soutenu Adolph Hitler dès 1933, je ne vois pas pourquoi je devrai être jugé à l’aune des comportements sexistes de mes ancêtres.
Comme je le disais dans mon podcast publié le 8 mars, quand je me bats pour l’égalité femmes/hommes, je me bats également pour MES droits. Aujourd’hui, un homme qui arrête de travailler pour s’occuper de ses enfants, ce n’est pas bien accepté socialement ; prendre son congé paternité est encore mal vu dans certaines entreprises.
Je ne suis pas féministe pour défendre les petites choses fragiles que sont supposées être les femmes selon nos chers amis machos, je suis féministe parce que notre société à tout intérêt à cette égalité. Vous voulez une augmentation du pouvoir d’achat de tous les foyers français ? Faisons l’égalité des salaires hommes / femmes, vous verrez, le pouvoir d’achat global augmentera.
"Le féminisme n’a jamais tué personne. Le machisme tue tous les jours" Benoîte Groult
UN HOMME RESTE UN HOMME
Et pour autant, je revendique le fait d’être un homme. Oui, j’aime parfois faire des blagues grivoises avec mes amis, oui, j’admets bien volontiers que ma testostérone me rend parfois stupide. Qui a dit qu’être féministe signifiait de devoir changer de nature ? Être féministe, c’est changer de regard sur les autres et sur soi-même. J’ai pris conscience de l’importance du sexisme au quotidien lorsque j’étais manager chez TF1. À l’époque, je manageais une équipe exclusivement féminine et j’ai vu à quel point, quotidiennement, mes collègues managers masculins pouvaient parfois évaluer les femmes plus à leur physique qu’à leur cerveau.
L’entreprise n’est ni un bar, ni une boite de nuit… alors j’ai commencé à agir, concrètement. Je ne tolérais aucune parole déplacée, aucune blague grivoise d’aucune sorte… ma meilleure arme face à un homme qui ne comprenais pas mon attitude, lui demander s’il aimerait que sa fille, sa femme ou sa mère soit traitée de la même façon. Très étrangement, au travail, les hommes sexistes oublient totalement qu’ils ont une famille et qu’ils détesteraient savoir que leur fille n’ose plus aller à la machine à café de peur de se faire draguer par un gros lourdaud de passage.
PLUS IL Y A DE SOLDATS, PLUS LA VICTOIRE EST RAPIDE
Se battre contre le sexisme, pour l’égalité des droits, c’est se battre pour nous, toutes et tous. Aujourd’hui, mon dernier roman sort : « sois un homme ma fille ». C’est mon dixième livre, et j’en suis fier car il défend cette cause à laquelle je suis tant attaché. Et pourtant, je suis triste de savoir que des personnes comme Alice Coffin ne le liront pas, parce que je suis un homme.
Alors la question est posée : faut-il être une femme pour être féministe, faut-il être noir pour lutter contre le racisme, faut-il être gay pour défendre les droits des LGBT ? Non, bien entendu. Certes, ma perception de la réalité d’une femme au quotidien sera toujours partielle, et probablement partiale parfois. Pour autant, elle sera toujours sincère. Dans une guerre, tous les soldats sont utiles. Les seuls soldats dont une armée peut se passer, ce sont ceux qui tirent dans le dos de leurs collègues, et c’est un peu le sentiment que j’ai eu en lisant et en écoutant Alice Coffin.
L’égalité, ou plutôt l’équité, c’est d’admettre de façon définitive qu’un homme n’a pas plus de valeur qu’une femme, et inversement. Je ne me sens pas moins homme quand je fais la vaisselle, les courses ou la cuisine. Je n’en attends pas des applaudissements pour autant (euuuh, sauf quand mon plat est digne d’un grand restaurant, faut pas exagérer non plus… c’est rare, donc faut marquer le coup), ni aucune récompense d’aucune sorte. Je sais juste qu’en faisant ainsi, en tant que couple, nous répartissons notre énergie quotidienne de façon optimale, et augmentons la quantité d’énergie que nous pouvons utiliser à deux sur des sujets plus divertissants que de vider le lave-vaisselle.
Être un homme donne clairement des privilèges dans le monde du travail tel qu’il existe aujourd’hui. Oui, par exemple, nous n’avons pas de plafond de verre comme vous mesdames. Ce pour quoi je milite, ce n’est pas pour que les hommes aient également un plafond de verre selon d’autres critères ; ce pour quoi je milite, c’est pour que ce plafond de verre disparaisse !
Quel homme voudrait réduire son salaire pour qu’il soit identique à celui de sa collègue femme ? Si nous regardons toutes et tous vers le haut, croyez-moi, nous irons loin !
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