L’optimisme, la seule arme pour réussir le déconfinement ?
Et voilà, petit à petit, les pays déconfinent. Quelle transformation de notre monde en quelques mois. De nouvelles habitudes, de nouveaux comportements, de nouveaux mots que nous n’aurions jamais imaginé dire aussi souvent : masque, confinement, déconfinement, corona, covid 19.
Au moment où j’écris cet article, la pandémie aura fait 26 383 morts en France, 8 656 en Belgique, 1 833 en Suisse et 101 au Luxembourg. Aux États-Unis, où la pandémie est loin d’avoir commencé son recul, nous en sommes à 79 528 décès, mais ce chiffre continue sa forte croissance du fait de l’absence d’une stratégie globale de sortie de crise.
Pas beaucoup de raisons d’être optimiste me direz-vous ? Et pourtant, nous n’aurons d’autre choix que de l’être si nous voulons repartir sur de bonnes bases. Être optimiste, cela ne signifie en rien reprendre la vie que nous avions avant la pandémie. Être optimiste, c’est d’avoir la conviction que nous allons savoir recréer une vie qui intégrera la présence de ce virus. Il ne faut pas se faire d’illusion, ce dernier sera présent encore pendant des mois, autant s’y habituer, se réinventer. Je crois profondément, que l’optimisme, ce n’est pas de se voiler la face en niant la difficulté de la situation, c’est d’admettre la difficulté de la crise, de la regarder bien en face et de se demander comment en tirer le meilleur.
Il y a quelques années, je parlais avec ma grand-mère qui a connu l’occupation de Paris pendant la deuxième guerre mondiale, qui vivait seule avec ses deux enfants en bas âge étant divorcée. Difficultés pour trouver de la nourriture, descendre se protéger des bombardements alliés en allant à la cave… notre confinement ressemble un tantinet à une promenade de santé. Et pourtant, cette génération l’a fait, mais, surtout, ils ont reconstruit. Ok, ils ont peut-être fait deux ou trois erreurs, mais c’est dans l’après-guerre que l’humain a été mis au centre comme jamais cela n’avait été le cas : création de la Sécurité Sociale en 1945, création des comités d’entreprise en 1945, l’extension des allocations familiales à tous les français en 1946. La seconde guerre mondiale a donné naissance au modèle social français.
La question est bien de savoir ce que nous allons tirer de positif de cette période. N'en doutez pas, les mêmes personnes qui vous expliquaient que le confinement ne fonctionnerait jamais en France vont commencer à prendre la parole pour dire que le déconfinement est une erreur majeure et que nous nous dirigeons vers une crise dont nous ne nous remettrons jamais. Et pourtant...
1-Une autre façon de travailler
Une autre façon de travailler, cela ne fait aucun doute. Un très grand nombre d’entreprises se sont totalement organisées autour du télétravail. Mais pas celui à marche forcée que nous avons connu pendant deux mois. Non, le télétravail « intelligent », choisi qui fait qu’une personne n’est présente sur son lieu de travail que si elle est indispensable. Bien sûr, au début, l’adaptation prendra du temps, et la peur de prendre les transports en commun fera que l’on hésitera à faire du présentiel de temps à autre. Mais cela disparaîtra petit à petit. Nous allons collectivement apprendre à faire du présentiel de temps à autres sans pour autant nous mettre en danger. Faire une réunion en présentiel avec son équipe n’est pas la plus grande des priorités, mais d’un point de vue psychologique pour son équipe, il est fondamental de s’y préparer. Il faut débriefer de cette période.
"Le pessimisme de la connaissance n'empêche pas l'optimisme de la volonté.”Antonio Gramsci
2- Une "nouvelle" économie
Cette crise aura créé de nouveaux métiers, de nouvelles activités et accéléré d’autres. C’est par exemple le cas de cette start-up NConcepts, installé à Pau, qui a lancé le crochet « Yanook » qui permet d’accrocher les poignées de porte ou les loquets, appuyer sur les boutons d’ascenseurs, les sonnettes, les interrupteurs, les touches de terminaux bancaires, attraper les robinets, sans avoir à les toucher. Quelques semaines après son lancement, ce sont plusieurs milliers d’exemplaires qui se sont déjà vendus, dont à la Croix Rouge mais également des particuliers et des entreprises. Dans les grandes villes, s’il y a une chose que nous avons apprécié pendant le confinement, c’est la quasi-disparition de la pollution sonore. Nul doute que ce fait, ajouté à la peur de prendre les transports en commun va bénéficier au business des scooters comme cette boutique lancée il y a un an par deux passionnés de motos et d’environnement.
Je ne compte plus le nombre de mes connaissances qui auront profité de ce confinement pour tester un rêve qu’ils avaient depuis longtemps : lancer leur propre affaire. Que ce soit en devenant professeur de Pilates en ligne, professeur d’anglais, traducteur, créer sa start-up… autant de métiers envisageables en ligne qui n’auraient peut-être jamais vu le jour si la pandémie n’avait pas pointé son nez et donné autant de temps à beaucoup d'entre nous. Paradoxalement, pour beaucoup, ce confinement a donné une liberté nouvelle.
3- La résilience économique
Enfin, cette crise aura permis à certains d’entre nous de nous réinventer. Vous vous en doutez, le métier de conférencier avec 500 spectateurs, ce n’est pas vraiment à la mode. Et quand cette activité représente 90% de vos revenus, cela a de quoi faire peur. Mais grâce à la pandémie, j’ai découvert le plaisir de faire des conférences en ligne, webinaires ou formations. Alors certes, pendant le confinement, j’en faisais une partie gratuitement et je dois désormais passer en modèle payant, mais je n’ai aucun doute sur le fait que toutes et tous, nous ferons évoluer nos habitudes, que ce soit par solidarité ou par obligation. Bon… à 3.50€ la séance, je ne sais pas ce que vous en pensez, mais cela semble raisonnable.
Bref, je pense que nous avons toutes et tous connu des moments avec le moral dans les chaussettes. Je pense bien entendu aux chômeurs partiels et à celles et ceux qui ont perdu leur emploi. La transition que nous avons connu le 17 mars a été d’une rare violence et, pourtant, nous avons su la gérer sans trop de casse comparativement à ce qui se passe aux États-Unis.
Aujourd’hui, nous commençons la phase de transition. Pas de retour à la normale mais une adaptation. Les restaurants ne sont pas ouverts ; ok. Mais pensez à vérifier car votre restaurant préféré fait sans aucun doute de la vente à emporter. Ça ne sera pas tout à fait pareil, bien entendu, mais pour l’avoir fait avec mon restaurant préféré, quel bonheur de retrouver ses bons petits plats, et de l’aider à passer le cap. Plus notre capacité d’adaptation sera forte, plus notre économie sera capable de re-créer des emplois dans des secteurs nouveaux, compensant petit à petit les emplois qui ne manqueront pas d’être détruits.
Vous l’aurez compris, l’optimisme, ce n’est pas d’être un bisounours et de se dire que tout va bien. Tout ne va pas bien, c’est un fait. Par contre, être optimiste, c’est d’avoir la conviction qu’il n’y a aucun doute possible sur le fait que si nous toutes et tous y mettons du nôtre, non seulement le corona ne nous pourrira plus la vie, mais nous allons créer un nouveau modèle de société dont nous ne pourrons plus nous passer quand ce virus sera définitivement vaincu et, ça, je vais être franc avec vous, je n’ai aucun doute sur le fait que nous, les français, que l’on pense souvent indiscipliné et râleurs, nous allons y arriver. La France de l’après deuxième guerre mondiale était meilleure et plus humaine que celle d’avant-guerre. Nous ferons de même avec le corona, cela ne tient qu’à nous !
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