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La charge émotionnelle du travail : le sujet dont personne ne parle assez


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Il existe une pression professionnelle dont on parle très peu. Elle ne se voit pas sur les agendas, elle n’apparaît sur aucun tableau de bord, elle ne se mesure pas en heures supplémentaires. Pourtant, elle peut épuiser bien plus sûrement que n’importe quelle surcharge de travail : c’est la charge émotionnelle. Cette accumulation silencieuse de tensions, d’émotions retenues, de pensées qu’on ravale pour “faire bonne figure”. Ce poids qu’on porte sans en parler, parce qu’au travail, on nous apprend souvent à garder le sourire, quoi qu’il arrive.


La charge émotionnelle, c’est ce que l’on ressent quand on est fatigué mais que l’on doit continuer à paraître disponible ; quand quelque chose nous atteint, mais qu’on se force à ne rien laisser voir ; quand on garde pour soi des inquiétudes, des colères, des peurs, parce qu’on pense que ce n’est pas “le bon endroit” pour en parler. Et ce décalage entre ce que nous vivons et ce que nous montrons est épuisant.


Un sondage qui dit l’essentiel

Pour comprendre à quel point ce phénomène est répandu, j’ai posé récemment une question simple sur LinkedIn et vous êtes 2 693 à avoir répondu :« Au travail, vous arrive-t-il de faire semblant d’aller bien ? »

Les résultats sont frappants :

  • Jamais : 7 %

  • Rarement : 34 %

  • 1 ou 2 fois par semaine : 33 %

  • Tous les jours : 26 %

Autrement dit, près de 1 personne sur 3 fait semblant d’aller bien plusieurs fois par semaine, et plus d’1 personne sur 4 le fait… tous les jours. Cela signifie que dans beaucoup d’équipes, des collaborateurs arrivent chaque matin en laissant leurs émotions à la porte, par habitude ou par nécessité. Ce n’est pas un détail. C’est un signal d’alarme.

Faire semblant d’aller bien est devenu une norme silencieuse. Et cette norme, en apparence inoffensive, peut abîmer profondément.


Pourquoi fait-on semblant ?

On fait semblant d’aller bien pour plusieurs raisons : par peur d’être perçu comme fragile, par crainte d’être jugé, parce qu’on ne veut pas “faire de vagues”, ou tout simplement parce qu’on a toujours appris à séparer vie personnelle et vie professionnelle. On se dit que montrer ses émotions n’est “pas pro”, qu’il faut sourire, avancer, ne pas déranger.

Faire semblant devient alors un réflexe. On met un masque. On continue. Et à force, ce masque colle à la peau. Mais sous ce masque, les émotions non exprimées s’accumulent. Elles finissent par peser lourd. Très lourd.


Les conséquences d’une charge émotionnelle ignorée

La charge émotionnelle n’est pas seulement inconfortable. Elle est dangereuse. À force d’encaisser sans dire, on s’épuise. On perd de l’énergie, de la motivation, du sens. On devient plus irritable, plus sensible, plus vulnérable. On dort moins bien. On se renferme. Et l’usure émotionnelle peut devenir un terrain fertile pour des difficultés bien plus graves : anxiété, burnout, dépression.


Ce qui est paradoxal, c’est que les personnes qui portent le plus de charge émotionnelle sont souvent celles qui ne veulent déranger personne. Elles serrent les dents, sourient, avancent, jusqu’au jour où elles n’y arrivent plus.


Le paradoxe de la façade

Faire semblant d’aller bien crée une distance avec les autres. On est présent physiquement mais absent émotionnellement. On se coupe des soutiens possibles. On commence à penser que personne ne peut comprendre. Et plus on fait semblant, plus on se sent isolé. Ce cercle vicieux est silencieux, mais redoutable.


Au travail, on parle beaucoup des compétences techniques, des performances, des objectifs. On parle rarement de ce qu’on ressent. Et pourtant, tout se joue là : dans nos émotions, nos peurs, nos insécurités, nos espoirs, nos besoins non exprimés.


Le rôle crucial du manager

Les managers ne sont pas psychologues, et ils n’ont pas à l’être. Mais ils jouent un rôle essentiel dans la régulation de la charge émotionnelle. Leur posture, leur écoute, leur manière de communiquer influencent directement le climat émotionnel d’une équipe.


Un manager qui laisse entendre que “tout doit aller bien” crée du silence. Un manager qui dit “si quelque chose ne va pas, on peut en parler” ouvre une porte. La différence entre les deux ? Une équipe qui respire… ou une équipe qui s’épuise.

Il ne s’agit pas d’encourager les déballages émotionnels permanents, mais simplement de créer un espace où chacun peut dire, sans crainte, “je traverse une période compliquée”. Ce simple droit à la vulnérabilité change tout.


Redonner le droit à l’authenticité

La charge émotionnelle se réduit quand on retrouve le droit d’être vrai. Pas tout le temps, pas avec tout le monde, pas de manière incontrôlée — mais de manière authentique, honnête, humaine. Le travail n’est pas un théâtre où tout le monde doit jouer un rôle. Une équipe, c’est un collectif humain. Avec des forces, des fragilités, des jours faciles, des jours plus compliqués.


Oser dire “aujourd’hui, c’est un peu dur” ne fait pas de vous quelqu’un de fragile. Cela fait de vous quelqu’un d’humain. Et cela ouvre la porte à un climat de confiance plus profond.


Les petites choses qui font une grande différence

Réduire la charge émotionnelle ne demande pas forcément de grands dispositifs. Cela commence souvent par de petites attitudes : un “comment tu vas ?” sincère, un regard attentif, un merci dit au bon moment, une réunion ouverte par un check-in rapide, une culture où l’erreur n’est pas un tabou, un manager qui sait dire “je comprends”.

Ces micro-gestes sont puissants. Ils rappellent à chacun qu’il n’est pas seul. Ils créent un climat de sécurité psychologique, où les émotions peuvent circuler sans être jugées.


Conclusion

En fait… si vous ne deviez retenir qu’une seule chose de cet épisode, c’est que la charge émotionnelle n’est jamais anodine. Elle ne se voit pas, mais elle use. Elle ne se dit pas toujours, mais elle pèse. Et lutter contre cette charge ne consiste pas à “devenir plus fort”, mais à créer des environnements où l’on n’a pas besoin de faire semblant. Parce que la performance, la créativité et la coopération naissent toujours dans des espaces où l’on peut être pleinement soi.

« Ce qui ne se dit pas s’imprime, et ce qui s’imprime finit par s’exprimer autrement. »— Boris Cyrulnik, neuropsychiatre français (conférences et ouvrages sur la résilience)

Et vous ? À quelle fréquence vous surprenez-vous à faire semblant d’aller bien… et qu’est-ce que cela changerait de pouvoir le dire ?



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