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Le bonheur au travail est mort, le COVID l’a tué.



 Oui, je sais bien ce que vous allez vous dire : titre provocateur pour faire des clics. Vous savez quoi ? C’est ce que je me suis dit en l’écrivant (j’écris toujours mon titre avant d’écrire l’article), mais plus j’ai réfléchi au contenu de l’article, plus je me disais qu’il correspondait à une réalité.


Cependant, en avant-propos, je voudrais préciser que, contrairement à ce que le titre pourrait laisser penser, c’est vrai quoi, une mort n’est généralement pas une bonne nouvelle, et bien, au contraire, je pense que c’est une excellente nouvelle. Bref, je sais, annoncer la mort du bonheur au travail est provocateur, je vous l’accorde, mais j’ai mes raisons, je vous l’assure, et ce pour 3 raisons :


1-   La fin d’une injonction anxiogène

Comme je l’ai écrit de nombreuses fois, j’ai toujours pensé que l’injonction au bonheur au travail était non seulement un faux chemin, mais avant toute chose anxiogène pour des millions de personnes qui ont avant toute chose un travail alimentaire. Le concept même de bonheur au travail suppose que ce soit une sorte d’aboutissement qui dirait : « si tu ne connais pas le bonheur au travail, c’est vraiment grave ».


Et bien non, pour des millions de personnes, leur travail n’est pas grand-chose d’autre qu’un salaire. Pour des millions de personnes, le concept même de bonheur au travail semble être quelque chose réservé à une élite diplômée ayant eu la chance d’avoir un travail épanouissant. Mais attention, cela ne signifie en aucune manière que ces personnes n’aiment pas leur travail ou ne peuvent pas l’aimer, juste qu’entre dire « j’aime mon travail » et dire « mon travail est un bonheur »… il y a une grande différence.


En quoi le COVID est un accélérateur de cette analyse ? Chômage, chômage partiel, inquiétude pour l’avenir, incertitude sanitaire. L’objectif que nous nous fixons peut-il vraiment être le bonheur au travail ? Ce concept même ne semble t-il pas être encore plus en décalage avec une réalité somme toute assez violente dans une période où la pyramide de Maslow appliquée au travail que j’avais décrite dans un article semble s’appliquer plus que jamais ?


2-   La fin d’une quête insensée

Parfois, dans cet avis, je me sentais un tantinet seul. C’est vrai quoi, dans l’absolu, tout le monde aspire au bonheur dans sa vie après tout… alors pourquoi pas au travail ? Certes… sauf que comme je le dis souvent, le bonheur est une quête sans fin alors que le bien-être au travail est un état bien réel.


Nous n’avons pas une quantité d’énergie infinie, nous le savons. Imaginez que votre énergie chaque jour représente une quantité de 100. Dans une journée, rien qu’en travaillant, nous dépensons plus de 50 de cette quantité. Ok… il ne nous reste, au maximum que 50 points. Toute la question consiste à savoir si vous allez dépenser cette énergie à une quête incertaine du bonheur dans votre travail ou dans votre vie privée. Encore une fois, je ne nie pas que le bonheur au travail puisse exister, la question est de se poser la question si cela peut véritablement être une priorité.


Qu’est-ce que le COVID a changé sur ce point ? Pour les salariés, la question du bonheur au travail est presque rendue étrange en cette période. Pourquoi parler de bonheur alors qu’actuellement la question est de savoir si je ne vais pas être contaminé(e) en allant au bureau ? La question cruciale mise au-dessus de toute chose depuis l’apparition de ce virus, c’est bien le bien-être des salariés et en premier lieu : leur santé.


Vous imaginez une entreprise qui dirait à ses salariés : « bon, notre mission à partir d’aujourd’hui, c’est de faire en sorte que vous connaissiez le bonheur au travail. Bon, on ne vous donne pas de masques pour travailler, on ne désinfecte pas les bureaux, mais vous verrez, vous connaîtrez le bonheur au travail ».


Certains me diront que l’un n’est pas incompatible avec l’autre. Vous avez raison… en théorie. Est-ce vraiment le rôle d’une entreprise de s’occuper du bonheur de ses salariés ? Et d’ailleurs, existe-t-il seulement une définition universelle de ce qu’est le bonheur au travail ? Le principe même du bonheur est que chaque individu en a une définition bien personnelle.


Que l’entreprise s’occupe quotidiennement du bien-être au travail de ses salariés est une obligation absolue, voire même parfois légale si l’on se réfère aux obligations sanitaires crées par le COVID… le bonheur a été relégué à l’arrière plan, notamment du fait des attentes des salariés.

"Le bonheur c'est comme une abeille, ça vole mais il ne faut pas le chasser." Bakkali Nael

3-   Le bien-être au-dessus de toute chose

L’un des impacts fondamentaux qu’aura eu le COVID sur les salariés, c’est leur relation au travail : remise en cause de certitudes, remises en causes de priorités, changement de sa relation au travail.

Pendant quelques mois, ce que nous pensions comme acquis a disparu en un claquement de doigt. Un grand nombre de salariés se sont retrouvé en chômage partiel, la grande majorité en télétravail, un grand nombre d’indépendants, dont je fais partie, ont vu leur activité disparaître du jour au lendemain sans aucune aide d’aucune sorte. Cela laisse des traces.


Sans avoir le choix, nous nous sommes toutes et tous posé des questions assez fondamentales sur la place que notre travail devait occuper dans notre vie. La peur d’être contaminé ainsi que le confinement nous ont fait prendre conscience que la place que nous accordions au travail avant le confinement n’était pas forcément la bonne.


 L’impact le plus flagrant étant le désir de télétravail. Dans un sondage que j’ai récemment réalisé sur mon site, 72% des 1 245 répondants demandaient 50% de télétravail (40%) ou 2 ou 3 jours par semaine (32%). Ce n’est pas par flemme, mais parce que nous avons pris conscience que notre trajet pour aller à notre travail avait un impact négatif sur notre bien-être général et que, en télétravail partiel, nous pouvions être autant, pour ne pas dire plus impliqué dans notre travail.


Et pourtant, certaines, rares, entreprises revienne aujourd’hui à ce qu’était l’organisation du travail d’avant corona, avec 0% télétravail démotivant ainsi un grand nombre de salariés. Ne pas comprendre que la priorité absolue pour les salariés qui ont encore un travail aujourd’hui, c’est leur bien-être au travail, c’est passer à côté de l’une des grandes leçons de cette pandémie.


Le niveau de motivation et d’engagement des salariés n’a jamais été aussi bas qu’aujourd’hui comme le montre un autre sondage dans lequel 73% des répondants déclarent être moins ou nettement moins motivés qu’avant la crise. Je ne dis en aucun cas que les entreprises sont entièrement responsable de cette baisse de motivation, ce qui serait, à mes yeux, un contre-sens ; par contre, cela signifie sans aucun doute que les leviers de motivations ont changé en quelques mois comme je l’écrivais dans un autre article.


 D’ailleurs, je me suis « amusé » à dessiner une nouvelle pyramide de Maslow adaptée au rôle de l’entreprise vis-à-vis de ses salariés. L’idée de cette pyramide est qu’un salarié ne peut passer à l’étape supérieure tant qu’une partie significative de l’étape précédente n’est pas atteinte. Vous verrez que le deuxième étage, la sécurité sanitaire, pour la plupart d’entre-nous, n’existait pas il y a quelque mois alors qu’aujourd’hui, aucune entreprise ne peut faire une croix dessus sans courir le risque de démotiver totalement ses salariés.




 Alors, certes, peut-être qu’au-dessus du dernier étage vous trouverez le bonheur au travail si vous pensez que ce concept existe, mais si l’on se focalise sur l’écrasante majorité des salariés, avant d’y arriver, les entreprises ont beaucoup, beaucoup de travail à faire.

 D’ailleurs, en écrivant ces lignes, quelque chose me saute aux yeux. Regardez encore une fois cette pyramide. Rien ne vous saute aux yeux ? Chaque étage de cette pyramide est totalement dépendant de la stratégie RH de l’entreprise et de la qualité de son management. Ce sont des éléments externes.


 Or, s’il y a bien une chose qui est personnelle, c’est le bonheur. Si un jour quelqu’un vient me voir et me dit « Gaël, je vais t’expliquer comment connaître le bonheur »… il y a de forte chance que je m’éloigne pensant que cette personne appartient à une secte étrange et ne va pas tarder à m’expliquer que mon bonheur a un prix.


CONCLUSION

Oui, je sais, certains d’entre vous vont vous dire « mais si, le bonheur au travail, ça existe, moi, je le connais ». OK, peut-être, et de tout mon cœur, tant mieux pour vous. Je vais être franc avec vous. Il y a six mois, si vous m’aviez posé la je vous aurais dit que je connaissais le bonheur au travail. Sauf que le COVID est passé par là et que 90% de mon activité (les conférences) a totalement disparu du jour au lendemain. Ai-je été dévasté ? Non. Pourquoi ? Parce que plus que jamais après le COVID, je réalise que les deux seules choses qui comptent à mes yeux, c’est que ma famille soit autour de moi et que tout le monde, y compris moi, soit en bonne santé… mon travail, aussi sympathique soit-il ne restera jamais qu’un simple travail.


 Désormais, si l’on me posait la question « connais-tu le bonheur au travail ?», sans aucun doute possible, je répondrai « je n’en sais rien et je m’en moque un peu tant mon bonheur dans ma vie personnelle est grand ». Je crois que la question centrale est vraiment celle-ci : quelle est la véritable place que votre travail tient dans votre vie, et quelle énergie mettez-vous dans votre vie personnelle ?


Mais si je devais vous poser la question "êtes-vous heureux(se) au travail", que répondriez-vous ? Pour vous aider à être sûr(e) de votre réponse, voici un test de personnalité.

  


Pour aller plus loin :



Je suis auteur, chroniqueur et conférencier... ci-dessous, quelques liens utiles.

Et beaucoup plus de contenu sur www.gchatelain.com


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Avec Bob sur scène

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