La leçon de vie d'un passage au Sénégal
Je suis français, mes enfants sont français, beaucoup de mes amis également, ma compagne est américaine et, depuis quelques jours au Sénégal, je prends conscience de façon encore plus claire que jamais : la vaaaaaache, c'est impressionant, nous, les français, à quel point nous sommes capable de râler !!! Franchement, bien souvent, c’est notre insatisfaction qui est le moteur de notre vie. 80% des changements de travail est dû au fait que notre manager n’est pas à notre gout. Et ce n’est qu’un exemple. En tant que Français, râler est élevé au rang d’art ! Ici, la "téranga" (générosité, hospitalité en Wolof) règne en maître.
J’étais parti pour oublier le froid parisien et la neige en prenant une dose de soleil et en faisant la feignasse sur une plage… et, dès mon arrivée, j’ai croisé le chemin de Abdoulaye et de Bob (non, je vous jure que c’est son prénom, il y a des hasards qui ne s’inventent pas), deux frères qui m’ont dit : « non, hors de question que tu restes à l’hôtel, tu dois rencontrer le vrai Sénégal ». Sans trop hésiter, je l’ai fait et… quelle gifle ! Grace à ces deux là, au-delà de quelques endroits touristiques, nous avons visité des écoles de brousse, un orphelinat, des villages sans eau ni électricité, des marchés hallucinants au milieu de nulle part, des maisons d’esclaves d’où partaient certains des 16 millions d’africains arrachés à leur terre pour servir le développement des Amériques et des colonies européennes.
Et pourtant, malgré une pauvreté souvent présente, un manque évident de structures… que de sourires, de chaleur humaine, de gentillesse et de vision positive de la vie. En revenant bientôt en France, j’essayerai de me souvenir de ces quelques leçons Sénégalaises :
Leçon 1 : Partage
C’est vraiment impressionnant de voir à quel point la société Sénégalaise se construit autour du partage. Celui qui possède partage avec celui qui a moins. Je ne sais pas comment cela se passe à Dakar, la capitale, mais nous étions dans un village qui se considérait comme relativement développé et tout son fonctionnement tournait autour du partage, y compris avec les villages de brousse qui n’avaient absolument rien. Et pourtant, où nous étions n'avait rien de riche : ni route en dur, pas d'eau courante, des bâtiments plus ou moins achevés. Samba, le Chef de village nous a longuement expliqué que la richesse n’a aucun sens si elle n’est pas partagée… tellement vrai mais tellement éloigné ce que notre société française est devenue. Une fois par semaine, je donne une heure de mon temps à échanger avec l’une ou l’un d’entre vous sur les sujets de votre choix… je ferai plus désormais.
Leçon 2 : Sourire
Pour celles et ceux qui connaissent, le métro parisien n’est pas ce que l’on peut appeler le royaume des sourires ! Ici, tout le monde sourit, sincèrement. Et ce n’est pas uniquement perce que je suis blanc, touriste, et potentiellement source de revenus. Je vois bien comment Bob et Abdoulaye interagissent avec les autres… le sourire Sénégalais devrait être mis au patrimoine de l’humanité de l’UNESCO ! Etrangement, en entreprise, tirer la tronche semble dans certaines structures être preuve de sérieux. Nous devrions essayer le management par le sourire de temps en temps !
Leçon 3 : la simplicité
Franchement, en regardant certaines personnes avec un point de vue français, leur vie semble incroyablement difficile. Nous sommes passés par un village de brousse, sans eau, sans électricité, des cases en bois… les poules et les chèvres qui courent au milieu de ce tout petit village de moins de 30 personnes. Nous sommes venus avec quelques kilos de riz, rien de dingue. Et cette femme qui nous dit tout simplement « merci » mais qui affirme que, franchement, tout va bien, qu'elle aime sa vie et qu'elle croit vraiment que ses enfants connaitront une vie meilleure parce que le Sénégal travaille sur l’éducation de ses jeunes. Se contenter de ce que l'on a, le Dalaî Lama en parle également beaucoup. Cela ne signifie pas ne pas avoir d'ambition mais sans aucun doute ne pas se tromper de motivation pour nos ambitions : l'important est "l'être", pas "l'avoir".
Leçon 4 : le respect
Nous avons visité quelques écoles… et à chaque fois, le même cérémonial. Quand des adultes (mais surtout le maître ou la maîtresse) entrent dans une classe, tous les élèves se lèvent et disent en cœur « bonjour ». En début et en fin de semaine, tous les élèves se réunissent autour du drapeau national hissé au milieu de la cour d’école et chantent l’hymne national. Je ne regrette pas vraiment le temps où les maîtres d’école avaient le droit de donner des coups de règles sur les doigts des mauvais élèves mais notre société est peut-être allée un peu trop loin dans ce que nous autorisons à nos jeunes générations, non ? Ce respect s'impose également envers les vieilles générations. Notre concept de maison de retraite choque visiblement Abdoulaye... beaucoup, lui qui n'imagine pas ne pas avoir ses parents à ses cotés jusqu'au jour de leurs morts.
Certains codes, aussi ringards puissent-ils nous paraitre ont leur importance dans le cadre d'une société et il est vrai qu'en ces temps où nous parlons beaucoup d'égalité femmes/hommes, peut-être que la simple notion de respect les uns envers les autres serait un bon point de départ.
Leçon 5 : le savoir vivre ensemble
Nous sommes allés sur l’ile de Goret, l’une des plaques tournantes de la traite d’esclaves. Sentiment étrange de se sentir l’héritier d’une histoire profondément violente. Horreur de se rappeler que la France a aboli dans un premier temps l’esclavage en 1794 puis, en 1802 Napoléon l’a de nouveau autorisé, et, enfin, en 1848, la France l'a aboli définitivement. Et, lors d’une discussion après cette visite, Bob (pas celui de mon livre, l’autre), de me dire : « tu sais, c’est bien que tes enfants soient venus voir tout ça… il faut qu’ils sachent ce qui s’est passé dans l’histoire mais, surtout, il faut qu’ils aient conscience que moi, j’ai la peau noire, eux, la peau blanche, mais que si on se coupe, notre sang est le même »… Je sais, c’est un peu tarte à la crème mais c’est tellement vrai et important en ces temps où beaucoup essayent de nous faire croire que le communautarisme est un danger. Ici, les musulmans participent aux fêtes chrétiennes, et les chrétiens aux fêtes musulmanes. Ils sont Sénégalais avant d’être croyants.
Je suis rarement pessimiste, vous me l'accorderez. Mais je pense que dans notre société, nous devrions réapprendre le vivre ensemble de façon urgente. Pendant trop longtemps, ce sont nos différences qui ont été le moteur (d'énergies négatives, certes, mais un moteur malgré tout) : religion, sexe, couleur de peau, âge etc etc. Partir du principe que tous ces adjectifs sont des détails sans importance pourrait grandement nous simplifier la vie.
CONCLUSION
Mon séjour n’est pas encore arrivé à sa fin mais je n’ai jamais vu de société fonctionner à ce point sur la solidarité de façon assumée, voire revendiquée. Si en entreprise nous pouvions ne serait-ce qu’un tout petit peu importer cet état d’esprit : partage des savoirs, partage du temps, respect de toutes et tous quel que soit le niveau hiérarchique, je ne dis pas que nous vivrions au paradis mais, sans aucun doute, le niveau de pression que nous connaissons parfois serait plus bas. OK, certaines et certain
Franchement… si vous en avez l’occasion, passez au Sénégal et si jamais c’est le cas, écrivez-moi que je vous donne les coordonnées de Bob et Abdoulaye… c’est une expérience incroyable.
Pour me voir sur scène, apprendre à avoir un meilleur quotidien en entreprise, rire, partager avec Bob et moi sur la vie en entreprise : rendez-vous le 28 mars prochain !
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