Pourquoi tant de non-dits abîment nos entreprises (et comment y remédier)
- Gaël Chatelain-Berry

- il y a 4 jours
- 3 min de lecture

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ll y a quelque chose de profondément paradoxal dans nos entreprises. Nous passons nos journées à parler, à écrire, à faire des réunions… et pourtant, une grande partie de ce qui compte vraiment ne se dit pas. Pour mesurer l’ampleur du phénomène, j’ai posé une question très simple sur LinkedIn : Dans votre entreprise, y a-t-il des non-dits ou des sujets tabous ?Les réponses ont été limpides : 4 % disent qu’il n’y en a aucun, 12 % très peu, 43 % quelques-uns, et 40 % beaucoup.En clair, 83 % des salariés travaillent dans un environnement où tout n’est pas dit.
Ce chiffre raconte quelque chose d’essentiel. Malgré tous nos discours sur la transparence, la communication ouverte et l’authenticité, la réalité du terrain est tout autre : la parole circule, oui, mais souvent en diagonale, entre les lignes, dans les couloirs plutôt qu’en réunion. Et ce silence n’a rien d’anodin, car il finit toujours par modeler la culture d’une entreprise.
Pourquoi les collaborateurs se taisent réellement
Au fil de mes années en entreprise, je n’ai quasiment jamais vu quelqu’un se taire par malveillance. Le non-dit n’est pas un piège que l’on tend : c’est un mécanisme de protection.
La première raison, c’est la peur d’être jugé. Depuis l’école, nous avons appris que l’erreur est sanctionnée. Alors, une fois adultes, dire une faiblesse ou une inquiétude ressemble encore trop souvent à un examen. Beaucoup préfèrent se taire plutôt que de prendre le risque d’être mal perçus.
Vient ensuite la peur du conflit. Dire les choses, c’est s’exposer. Certaines personnes préfèrent absorber dix frustrations plutôt que d’en vivre une seule en face à face.
Il y a aussi la volonté sincère de préserver la paix sociale. Vous savez, ces salariés adorables qui ne veulent pas “faire d’histoires”, qui pensent bien faire en se taisant. L’intention est belle, mais le résultat finit toujours par se payer.
Et puis il y a la fatigue émotionnelle. Un phénomène massif aujourd’hui. Parler demande de l’énergie. Quand on en manque déjà pour tenir la journée, il ne reste plus grand-chose pour exprimer ce qui ne va pas.
Enfin, il ne faut pas oublier le manque de cadre pour s’exprimer. On ne peut pas parler si rien n’est prévu pour accueillir la parole. S’il n’y a ni moment, ni rituel, ni espace où dire “ça ne va pas” est normal, alors la parole se referme. Pas par lâcheté. Par réflexe.
Les conséquences invisibles… mais bien réelles
Ce que l’on ne dit pas ne disparaît jamais. Cela se transforme. Et rarement en quelque chose de très utile.
Les non-dits nuisent d’abord à la qualité des décisions. Quand la réalité ne circule pas, les managers prennent des décisions sur des informations partielles. Et cela finit forcément par se voir.
Ils créent aussi des micro-frustrations, ces petites choses minuscules qui, prises isolément, ne veulent pas dire grand-chose, mais qui, accumulées, deviennent explosives. Une phrase ravalée. Un désaccord jamais exprimé. Une inquiétude laissée de côté. Jusqu’au jour où la moindre remarque fait tout basculer.
Les non-dits entraînent également une perte progressive de motivation. On ne peut pas demander à quelqu’un qui retient tout depuis des mois de rester engagé comme si de rien n’était. À force de se taire, on s’éteint.
Et pour les managers, c’est une autre forme d’épuisement : naviguer à l’aveugle. Sentir qu’il se passe quelque chose, mais ne jamais savoir quoi. Chercher des signaux, interpréter des silences, deviner ce qui ne va pas. C’est un terrain miné.
Conclusion
Les non-dits ne sont pas une fatalité. Mais il faut comprendre que la transparence n’est jamais spontanée : elle se construit. Elle demande du temps, de la sécurité, et un cadre clair.
Un manager peut transformer en profondeur la dynamique de son équipe en invitant explicitement la vérité, en ne punissant jamais la transparence, en créant des moments dédiés à la parole, en dédramatisant l’erreur, et surtout en montrant l’exemple. Une équipe qui se parle avance. Une équipe qui se tait s’épuise.
Je terminerai avec une phrase d’Henri-Frédéric Amiel qui résume parfaitement tout cela« La vérité ne blesse jamais autant que le silence. »
Pour aller plus loin :
1- Le paradoxe des peurs au travail : et si on avait (enfin) compris ce qui compte vraiment ?
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