Travail hybride, mode d’emploi
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais depuis des mois, il y a celles et ceux qui nous parlaient d’un retour au monde d’avant, et d’autres qui faisaient de doctes prévisions sur ce que serait le monde d’après. Personnes n’était d’accord, bien sûr, ça ne serait pas amusant sinon.
Sauf que là , nous y sommes dans ce monde d’après que nous fantasmions. Et ce monde, pour la grande, très grande majorité des salariés, il est hybride. Et oui, encore un nouveau concept qui est en train de devenir dominant du fait de la pandémie. Après la voiture hybride, bienvenue au travail qui l’est également devenu !
Vous noterez que la comparaison entre un moteur hybride et un travail hybride n’est pas forcément si stupide quand, comme moi, vous militez depuis des années pour le télétravail, parfois en désespoir de cause avant la pandémie. Avec le travail hybride, comme avec un moteur, vous avez deux modes : les deux vous font avancer, mais l’un des deux est plus vertueux ; je laisse le choix à chacun d’entre vous le soin de choisir lequel !
Mais nous y voilà depuis la rentrée, nous sommes beaucoup à être devenu des hybrides, et nous sommes une écrasante majorité à vouloir le devenir ; en effet, selon une étude réalisée par l’Ugict-CGT, avec des statisticiens de la Dares et de la DREES auprès de 15 000 cadres, managers, professions intermédiaires et employées du tertiaire près de 10 personnes interrogées sur 10 (98%) déclarent vouloir continuer le télétravail. C’est, je crois, ce que l’on nomme un résultat sans appel !
Mais une fois ce constat fait… on gère comment ? Et oui, que l’on soit manager ou managé, ce n’est pas forcément simple de passer d’un travail en 100% présentiel, à un travail en 100% distanciel pour finir en travail hybride. En fait, cet article a pour objectif de vous donner les clés pour garder le meilleur des deux mondes.
1- Définir des règles communes
Hybride ne veut en aucun cas dire que chacun fait ce qui lui convient. Chaque entreprise va définir en fonction des métiers une quantité de télétravail envisageable. Le problème est que, bien entendu, en fonction des contraintes de chaque membre d’une équipe, l’organisation idéale n’est pas la même en fonction de si on a des enfants ou non, en fonction de la nécessité de travailler avec d’autres pour avancer, ou non, en fonction de son habitation.
En théorie, le « nouveau monde » du travail est un monde qui s’adapte à chaque personne ; en pratique, il y a quelques contraintes qui ne sont pas contournables et, notamment, le maintien du lien grâce à une partie de présentiel. Avant la pandémie, j’insistai lourdement auprès des managers pour qu’ils aient une réunion d’équipe une fois par semaine… cela n’a pas changé ! Il me semble fondamental qu’une fois par semaine, toute l’équipe se trouve réunie a minima pendant 30 minutes pour échanger, construire et garder ce lien qui nous a tant manqué pendant les confinements.
Pour les managers : organisez une réunion en présentiel pour déterminer avec votre équipe quel est le jour idéal.
Pour les managés : n’hésitez pas à dire ce qui vous convient vraiment ! NON, être en télétravail le lundi ou le vendredi ne veut pas forcément dire que l’on veut se faire des week-ends prolongés toutes les semaines ; juste que dans certaines organisations personnelles, télétravailler le lundi ou le vendredi peut être plus pratique. N’hésitez pas à le dire. Après avoir été en 100% télétravail, la confiance manager/managé doit perdurer.
2- Ne culpabilisez pas
Je constate dans certaines entreprises qui donnent la liberté dans le nombre de jours télétravaillés une tendance qui m’inquiète en tantinet : faire du présentiel comme étant une preuve d’implication ! J’ai l’impression que nous sommes en train d’inventer une nouvelle forme de présentéisme, comme si celles et ceux qui seraient en 100% présentiel seraient plus impliqué.e.s que les autres.
Et ça, je vais être honnête, cela me rend dingue !!!! Toutes les études l’ont montré : nous avons été aussi productifs, pour ne pas dire plus, en télétravail qu’en présentiel. N’oublions pas ce fait, jamais !
Pour les managers : mettez à l’aise votre équipe concernant votre regard sur le télétravail. Beaucoup de salariés culpabilisent encore en étant en télétravail vis-à-vis de collègues qui n’en feraient pas. N’hésitez pas à dire une phrase toute simple en réunion : « ce n’est pas que vous soyez en présentiel ou en distanciel qui compte à mes yeux, c’est qu’ensemble, nous atteignons nos objectifs ».
Pour les managés : si ce n’est pas déjà fait, abordez le sujet avec votre manager : quel est son regard sur le télétravail. Et si vous êtes inquiet.e d’être mal vu.e si vous en faite, faite part de cette inquiétude et, surtout, lisez attentivement le point suivant.
“Face au monde qui change, il vaut mieux penser le changement que changer le pansement. » Francis Blanche
3- Fixez des objectifs hebdomadaires
Pour une entreprise, quelle est la chose la plus importante :
· Qu’un salarié fasse ses heures ?
· Qu’un salarié atteigne ses objectifs ?
La réponse est évidente, n’est-ce pas ? Et pourtant, quand vous savez qu’un salarié passe en moyenne, en présentiel, une heure de son temps à trainer sur ses réseaux sociaux personnel, cela fait réfléchir. Et oui, le présentéisme est une réalité qui existait avant la pandémie… et nous avons une opportunité unique actuellement d’y mettre fin en passant en une organisation par objectif hebdomadaire qui permettra de changer notre regard sur ce qui est censé définir l’engagement et la motivation d’un salarié.
Pour les managers : définissez des objectifs hebdomadaires avec chaque membre de votre équipe, objectifs mesurables bien entendu ; nombres de factures éditées, chiffre d’affaire réalisé, dossier finalisé… en procédant ainsi, vous libérerez votre esprit du rapport au temps travaillé ; seul ce qui est fait compte.
Pour les managés : chaque métier est différent, bien entendu. Autant, pour un commercial, il est très simple de fixer un objectif hebdomadaire mesurable avec le chiffre d’affaire ; autant pour d’autres métier, c’est moins simple, et c’est à vous d’imaginer, et de proposer à votre manager ces objectifs hebdomadaires. En faisant ainsi, que vous soyez en télétravail ou en présentiel, votre manager ne sera jamais inquiet puisqu’il pourra être rassuré par l’atteinte des objectifs.
4- Pensez à votre bien-être
Il ne faut pas réfléchir comme nous le faisions avant la pandémie : d’un côté le présentiel avec tout ce que cela comporte de mal-être potentiel (le transport étant en numéro 1) et de l’autre le télétravail qui serait forcément un bonheur.
Nous l’avons constaté avec le premier confinement : le télétravail à l’excès est insupportable, au même titre que le présentiel à 100% peut l’être. Comme en toute chose, tout est question d’équilibre.
Faire des pauses toutes les 45 minutes en télétravail est bon pour votre bien-être, faites de même en présentiel. Votre temps de transport en présentiel est une coupure concrète qui vous permet de bien séparer votre vie personnelle de votre vie professionnelle, faites de même en télétravail en mettant en place des rituels de début et de fin de journée permettant cette rupture.
Le bien-être est une chose globale comme je l’explique dans mon livre « Le bien-être au travail pour les Nuls ». Je crois qu’une erreur fondamentale serait de mettre en place un système dans lequel vous ne pensez à votre bien-être que pendant les jours de télétravail !
Pour les managers : faites un point avec votre équipe pour comprendre comment chaque personne vit cette période ; nous ne sommes pas égaux devant celle-ci et il est important que les managers accompagnent chaque personne pour bien vivre son travail hybride, et en faire un vrai atout en termes de bien-être.
Pour les managés : faites une liste simple : quels sont les choses qui nourrissent votre bien-être en télétravail et les choses qui font de même en présentiel. Par exemple, en télétravail, impossible de faire cette pause-café avec vos collègues qui fait tellement de bien. Faire cette liste va vous servir à positiver les deux aspects de votre travail hybride. Les deux ont du mauvais, et les deux ont du bon !
CONCLUSION
Pendant un temps, j’ai été très optimiste, trop optimiste. Je m’imaginais que cette rentrée serait le début d’une période où tous les préceptes sur lesquels je travaillai depuis des années allaient enfin devenir une réalité dans toutes les entreprises sans exception.
Et bien non ; même si les progrès sont gigantesques, il reste un bon bout de chemin à faire et nous le parcourrons très vite si managers et managés se parlent, vraiment. Je sais, tout le monde est à fond en cette rentrée et la question du bien-être au travail n’est pas forcément la priorité : objectif, objectif, objectif. N’oublions jamais que le bien-être est source de productivité et de créativité !
Il serait tout de même dommage que nous n’utilisions pas cette horrible période que nous venons de traverser pour transformer notre vie professionnelle en un moment source de bien-être… non ?
Mais, vous, êtes-vous fait.e pour le travail hybride ? Pour le savoir, vous pouvez faire ce test gratuit.
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