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Un manager doit-il tout savoir ?



Lorsque j’étais jeune manager, c'était une angoisse que j’avais souvent : et si quelqu’un de mon équipe, ou mon boss, me pose une question et que je n’ai pas de réponse, c’est grave ? Très souvent, à tort, la compétence est associée à la connaissance. Être omniscient, est-ce vraiment une qualité requise pour un manager ?


Il est vrai que cela peut sembler rassurant de savoir tout sur tout, non seulement en ce qui concerne son propre métier, mais également, à propos de ce qui se passe dans son équipe.


Et pourtant, les années passants, j’ai réalisé à quel point cette quête au « tout savoir » était non seulement une erreur, mais totalement contreproductive. Sachant qu’il est humainement impossible, humainement parlant, de savoir tout sur tout, voilà les 5 raisons qui font que le plus sage, et le plus professionnel, et de ne plus chercher à le faire.


1-   Tout vouloir savoir prend du temps

Il existe des managers qui exigent que leur équipe les mettent en copie de tous leurs mails… pour être au courant. Certains sont même fiers de dire qu’ils reçoivent 500 mails par jour. Un cadre français va passer en moyenne 5heures par jour à lire ou écrire des emails. Le métier d’un manager est-il de passer son temps avec son équipe ou devant son ordinateur ?


Paradoxalement, comme je le disais dans mon épisode de cette semaine de Happy Work, beaucoup de salariés se plaignent de recevoir trop d’emails… mais ne font rien pour en réduire le nombre. Demander à ne plus être en copie de tout vous fera gagner du temps, pour en passer plus avec votre équipe.


2-   Tout vouloir savoir réduit l’autonomie de votre équipe

Le micro-management, vous connaissez ? Il s’agit de cette attitude d’un manager qui va tout vérifier, en permanence. Il ne supporte pas de ne pas savoir ce que fait un membre de son équipe. Au lieu de lui faire confiance, il sera toujours derrière lui. Nous le savons, l’autonomie est l’une des sources de motivation des équipes. Se sentir surveillé en permanence devient vite insupportable. Ce qui devrait intéresser chaque manager, c’est le résultat atteint par l’équipe, pas nécessairement tous les détails des moyens utilisés pour atteindre celui-ci. Passer en mode projet permet de réduire ce risque de dérapage.

"Mieux vaut ne rien savoir que beaucoup savoir à moitié!” Friedrich Nietzsche

3-   Tout vouloir savoir vous ajoute une pression inutile

Parfois, nous nous mettons une pression sur des éléments dont personne n’a absolument rien à faire. Mis à part dans quelque cas, qu’y a-t-il de grave à répondre à votre boss qui vous pose une question à laquelle vous ne savez pas répondre « écoute, là, je ne sais pas, mais je me renseigne et te donne la réponse dans une heure ». Bien entendu, si la question concerne votre dossier le plus stratégique et important, cela peut poser problème… mais vous n’avez pas que cela. Regardez dans les débats politiques… vous ne préfèreriez pas qu’un homme ou une femme politique dise « je ne sais pas » plutôt qu’il ou elle bafouille une réponse peu claire ou, pire, en invente une qui sera démentie dès le lendemain ?

Nous vivons une période stressante ; et être manager est stressant. Tout vouloir savoir ajoute un stress qui peut largement être évité, non ?


4-   Tout vouloir savoir nuit à votre équipe

Vous connaissez cette expression « monsieur je-sais-tout » ? Faire preuve de modestie de temps à autre, être humble, reconnaitre ses propres limites, et les accepter, c’est également faire comprendre à votre équipe qu’elle aussi a le droit de ne pas tout savoir.

Le concept du manager parfait et infaillible a fait long feu. Superman et Wonderwoman n’existent pas… désolé. Le temps d’un management plus humain, au sens le plus littéral du terme, est arrivé il y a quelques années. Sans pour autant se dénigrer lui-même, un manager qui sera humble face à son équipe sera beaucoup plus écouté. Un manager qui sait dire « je ne sais pas » aura beaucoup plus d’impact le jour où il dire « je sais, faites-moi confiance ». Cette histoire est vieille comme le monde… relisez Pierre et le loup pour vous en convaincre.


5-   Tout vouloir savoir nuit à votre entreprise

Une entreprise, c’est une organisation, un organisme vivant qui est la somme des compétences et des savoirs de toutes et de tous. Si une seule personne souhaite tout savoir sur tout… à quoi servent toutes les autres personnes ? À être de simples exécutants ? Pas très motivant tout de même. Pensez-vous que le PDG d’un grand groupe sait tout sur tout, sur chaque métier, sur chaque dossier ? Non, bien entendu et, si ce groupe emploie 50 000 personnes, cela vous semble normal. Et bien une équipe de 5 personnes fonctionne exactement de la même manière qu’une entreprise de 50 000 ! Si ces 5 personnes se font confiance, partagent les compétences et les savoir, l’énergie qu’elles pourront déployer sur de nouveaux projets sera décuplée. Si au contraire, le manager de ces 5 personnes veut tout savoir, un grand nombre d’informations et de compétences identiques seront utilisées deux fois… à quoi bon ?


Savoir déléguer, c’est accepter de ne plus savoir. Oui… par exemple, devenir un chef d’équipe d’ingénieur, c’est accepter que le savoir technique de ses équipes sera petit à petit supérieur au sien. Car le métier d’un manager, c’est avant tout de faire en sorte que son équipe puisse donner le meilleur d’elle-même… pas de servir ses propres intérêts.


Conclusion

Et oui, tout savoir sur tout, ou tout du moins, essayer de tout savoir sur tout est contreproductif. Au temps de Molière, les médecins tiraient leur pouvoir de leur savoir et faisaient tout pour le protéger. Ce temps est révolu. Aujourd’hui, pour être performant, il faut optimiser notre temps, nos savoirs, partager ceux-ci afin d’être créatifs. Et c’est d’ailleurs pour cela que le manager ne doit, à l’inverse, pas garder par devers lui les savoirs qu’il pourrait détenir. Partager l’information avec ses équipes est absolument fondamental, surtout en cette période particulièrement anxiogène. J’ai reçu la semaine dernière le mail d’une personne qui ne sait pas si elle va garder son emploi. Et son boss, au lieu de dire « je ne sais pas » ou, « ne t’inquiète pas, nous faisons tout pour que tu gardes ton poste » a répondu « je ne peux rien te dire », la maintenant ainsi dans une situation de stress et avec ce désagréable sentiment que des choses lui étaient cachées.


Partageons l’information… nous avons toutes et tous à y gagner. Il ne faut jamais privilégier le savoir aux dépends du savoir-être ou du savoir-faire. Les trois sont importants.



Pour aller plus loin :


Je suis auteur, chroniqueur et conférencier... ci-dessous, quelques liens utiles.

Et beaucoup plus de contenu sur www.gchatelain.com


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Avec Bob sur scène

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