Doit-on être un leader pour être manager ?
Illustration : @demaincommenceajourdhui / https://www.instagram.com/demaincommenceaujourdhui/
Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais dans les théories autour du management, il y a beaucoup d’injonctions : sois bienveillant, sois un leader, sois un coach, sois heureux etc etc etc… à force de cumuler toutes ces injonctions, il y a de quoi se dire qu’être (un bon) manager devient mission impossible en fait.
Cependant, certaines injonctions me semblent plus gênantes que d’autres, peut-être parce qu’elles me semblent tout simplement… fausses. Ce qui est gênant, c’est que le fait d’être un leader est présenté comme une forme supérieure du management, comme s’il existait deux catégories de managers… des leaders… et les autres.
Je me mets à la place de managers soucieux de devenir de meilleurs managers et de se poser cette question terrible « et moi… j’en ai du leadership… ou pas ? ».
J’avais une idée assez arrêtée sur la question et, ayant des doutes, je me suis mis à creuser… et j’ai cherché des définitions du leadership. Je vous en livre quelques-unes.
1-Avoir une vision
« Le leadership est la capacité à faire d’une vision une réalité ». Warren Bennis
Oui, c’est certain, un manager doit faire en sorte que son équipe atteigne des objectifs, réalisent une vision. Cependant, ce que suppose la fonction de leader, c’est de créer cette vision. Prenez le cas d’Apple, Steve Jobs avait cette vision… nul ne demandait à ses managers d’avoir une vision, mais par contre ils devaient la transformer en réalité en mobilisant les équipes.
2-Avoir un égo
« Un leader excelle lorsque les gens savent à peine qu’il existe. Quand son travail est accompli, son objectif atteint, ils disent : on l’a fait nous-mêmes. » Lao Tseu
Bon, j’ai comme un doute sur le fait que Lao Tseu, né 100 ans avant notre ère, ait utilisé ce terme de leader, mais… admettons. Dans cette phrase, Lao Tseu exprime le fait que le leader sait se faire discret, orienter sans forcer, suggérer sans imposer, valoriser les équipes. Je crois que notre ami donne la définition d’un manager bienveillant qui saure mettre en valeur son équipe plutôt que lui-même.
Le leader, tel qu’on se l’imagine a un égo qui peut parfois déborder. Steve Jobs ne laissait pas beaucoup de place à ses équipes pour s’attribuer le moindre succès, nos leaders politiques ont plutôt tendance à parler du « moi je pense que » plutôt que du « nous pensons que » et encore moins du « mon équipe pense que ». Le leader est autocentré, ce qui peut être utile de temps à autre.
A contrario, le manager doit faire preuve d'une dose certaine d'altruisme, sachant faire passer son équipe avant lui. En cas de succès, le leader se mettra en avant, le manager mettra son équipe en avant.
Bref, je suis assez convaincu que si Lao Tseu avait connu le mot, il aurait remplacé le mot leader par manager.
3- Être un guide
"Un leader est quelqu’un qui connaît le chemin, suit le chemin et montre le chemin." John Maxwell
Ahhhhh, voilà une définition intéressante. En effet, connaître le chemin ne suppose pas de l’avoir créé ; montrer le chemin ne suppose pas de forcer tout le monde à l’emprunter. Ce leader là est rassurant, tel le pilote de l’avion qui sait exactement ce qu’il doit faire pour mener son équipage et ses passagers à bon port.
Mais il y a un petit problème sémantique si nous voulons associer le mot leader au mot manager. Dans la phrase de John Maxwell, rien ne suppose que le leader ait un lien hiérarchique avec les autres personnes sur le chemin. Lorsque j’étais sur le Chemin de Compostelle, il m’est arrivé une ou deux fois de me perdre et d’être bien content de trouver quelqu’un qui me remette sur le bon chemin. Pour autant, nul besoin pour cette personne de revendiquer le moindre titre… ce qui m’amène à cette dernière citation :
4-Une qualité plus qu’un statut
« Devenez le genre de leader que les gens suivraient volontairement. Même si vous ne détenez aucun titre ou position. » Brian Tracy
C’est en lisant cette phrase que j’ai compris tout le problème du leadership associé au management. Prenez Daniel Cohn-Bendit. En mai 1968, il ne dirige aucun mouvement syndical ou étudiant… et pourtant, l’histoire retient son nom comme étant l’un des leaders du mouvement étudiant.
Le leadership n’est ni affaire d’âge, d’expérience, de statut ou de position dans la hiérarchie… c’est affaire de charisme, de vision, de conviction et certainement de courage. Dans les entreprises, il existe beaucoup de leaders qui ne sont absolument pas manager, mais qui auront cette capacité à entrainer leurs collègues dans une direction ou une autre.
Être manager, ce n’est pas nécessairement d’être un leader, mais d’identifier dans ses équipes celles et ceux qui ont cette capacité de leadership afin d’entrainer tout le monde dans la direction souhaitée.
Conclusion
Il existe des managers-leaders, des leaders qui ne savent pas manager, des managers qui n’ont aucun leadership et, pour autant, ces trois profils sont utiles dans une entreprise. Tout est question de métier et de moment.
Le leadership est une qualité humaine, au même titre que le charisme ou l’empathie. Cela peut-il se travailler ? Sans aucun doute possible. Mais au même titre que j’arriverai à apprendre à n’importe qui à jouer la Lettre à Élise au piano avec deux doigts, je n’arriverai jamais à toutes et tous vous transformer en virtuoses.
Nous avons toutes et tous des talents qui nous sont spécifiques et je crois que c’est cela qui me gêne le plus avec le leadership tel qu’il est souvent présenté : nous pouvons être un. Manager brillant, excellent même, sans forcément être un virtuose du leadership !
Et vous… quel manager êtes-vous ? Pour le savoir, voici un petit test de personnalité.
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