Faut-il toujours sourire au travail ?
Vaste débat que celui-là. D’un côté, si je suis trop souriant, je peux passer pour un aimable crétin, sympathique mais pas très sérieux, et de l’autre, si je ne souris jamais, je risque de passer pour un désagréable grincheux. Vous allez me dire que la solution est simple à trouver : il faut se situer dans le juste milieu, le bon équilibre entre le crétin béat et le grincheux perpétuel. Et bien, au risque de vous décevoir : NON.
Pour Shawn Achor, auteur américain né en 1978, l’une des figures majeures de la psychologie positive et auteur du best seller « The Happiness Advantage », plus vous gardez un niveau d’optimisme élevé, plus vous avez de chances de réussir. Selon lui, seuls 25% du succès des vendeurs, par exemple, sont liés à leurs compétences techniques ; les 75% restants dépendent de leur optimisme, de leur confiance en eux et de leur capacité à entrer en connexion avec les autres, notamment les clients. Vous imaginez, seuls 25% du succès sont liés aux compétences techniques !!!!
Oui, je vous l’affirme, il faut sourire le plus souvent possible, autant que faire se peut, au travail et ce, pour deux raisons principales :
1- Pour vous
Les études sont unanimes à ce sujet, sourire libère de la sérotonine et des endorphines, les hormones du bien-être. Bon, jusque-là, rien que de très banal car il semble évident qu’en tant qu’être humain, nous ayons une légère préférence pour le rire vs les pleurs.
· Le sourire forcé
Mais ce qui est plus étonnant, c’est que de sourire dans une situation qui ne prête pas à sourire va également vous aider. Ainsi, dans une étude publiée dans le Journal of Pain en 2008, il est montré que les patients qui se forcent à sourire durant une opération douloureuse ressentent moins la douleur que les autres. Une autre étude menée par un chercheur de l’Université de Groningen prouve que les sujets dont l’expression faciale est contrainte (par l’utilisation du stylo tenu par les dents) sont moins affectés lorsqu’ils sont soumis à des images stressantes. Et oui, le sourire forcé a également un impact positif sur notre cerveau car il semblerait que ce soit l’action sur certains muscles de notre visage qui déclenche la sécrétion des hormones du bien-être.
J’ai fait le test personnellement. Après avoir appris une mauvaise nouvelle, je me suis forcé à me sourire dans le miroir pendant quelques minutes. Je ne dis pas qu’en quelques instants je suis passé d’un état de tristesse à une joie incommensurable, mais, clairement, cela a fonctionné. Cet acte de sourire m’a forcé à relativiser la situation, à me focaliser à nouveau sur ce qui allait bien et m’a donné l’énergie nécessaire pour passer le cap désagréable que je connaissais.
· Le vrai sourire
Comme le bâillement, le sourire est contagieux. Plus vous sourirez, plus les autres vont vous sourire. Essayez dans un premier temps dans votre vie personnelle. Le matin, au lieu d’avoir une « bonne tête de réveil », souriez à la première personne que vous verrez, votre compagnon, votre compagne ou vos enfants, au lieu d’être dans une routine souvent un petit peu morose. Ce n’est pas très compliqué et, vous le constaterez très vite, l’ambiance générale du matin va changer. Je suis convaincu que le sourire est plus fort que tout, pour une simple raison : tout le monde préfère voir un sourire à une mine sévère.
La deuxième étape est de faire de même au travail, y compris avec ce(tte) collègue qui vous tape sur les nerfs de temps à autres. Le sourire change totalement la relation à l’autre, cela permet de relativiser toute situation au lieu d’en faire un sujet anxiogène.
"Un sourire coûte moins cher que l'électricité, mais donne autant de lumière." Abbé Pierre
Pour les autres
Passons-nous pour un sombre crétin si nous sourions à tout ? Non, bien sûr que non, et je vais vous le prouver. Imaginez, vous devez assister à une réunion extrêmement sérieuse sur un sujet complexe, voire anxiogène. Le sujet est anxiogène, mais au nom de quoi les participants devraient l’être également ? Rien ne vous interdit en arrivant dans la salle de réunion, de dire bonjour à tout le monde avec un grand sourire. Ce sont les personnes que vous saluez, pas l’ordre du jour de la réunion.
Il existe différents degrés de sourires, et nous le savons bien dans notre vie personnelle, nous savons adapter notre sourire aux situations. A un enterrement, occasion peu joyeuse s’il en est, vous aurez plutôt tendance à sourire au veuf ou à la veuve plutôt que de fondre en larme en tombant dans ses bras car vous savez intuitivement que votre douleur est moins intense que la sienne.
C’est le sourire compatissant. Vous envoyez le message que vous êtes là, que vous comprenez la personne. Si nous savons intuitivement sourire en telle situation, il ne devrait pas être compliqué de sourire en toute situation en entreprise, si ?
Votre visage traduit votre état d’esprit. Comparez une équipe à un avion. Le pilote, c’est le boss, les stewards et hôtesses, ses managers qui vont gérer leur équipe : les passagers. Vous avez remarqué à quel point les stewards et hôtesses sont toujours souriant alors que vous vous apprêtez à monter dans un engin de plusieurs tonnes qui s’apprête à voler avec une probabilité non nulle de s’écraser ? Vous avez remarqué le calme et la voix positive qu’utilise le pilote quand il s’agit de vous annoncer que nous allons traverser une zone de turbulence ? Leurs sourires et leur calme ne montrent en aucun cas de la désinvolture, mais de la maîtrise et du professionnalisme. Leur sourire veut dire : ne vous inquiétez pas, on assure un max et on est en totale sécurité, la preuve, nous sommes souriants. C’est vrai après tout, qui aurait le sourire sachant que la mort approche.
Et bien il en va de même en entreprise. Si vous souriez dans une période de crise, le message que vous enverrez, ce sera de la maîtrise, pas de la désinvolture. Bien entendu, le discours doit aller avec l’attitude, comme le fait le pilote de l’avion. En cas de problème, il ne s’agit pas de sourire bêtement en regardant le plafond, mais de donner des solutions, tout en gardant le sourire, c’est comme cela que vous rassurerez vos collègues, votre boss et votre équipe si vous en avez une. Si le capitaine tire une tête de dix pieds de long, c’est sûr, c’est foutu, on va toutes et tous y passer.
Conclusion
Oui, sourire en permanence n’est pas simple, je vous l’accorde, mais tout est question de point de repère et de progression. Pour vous comme pour les personnes avec qui vous travaillez, si vous souriez 10% de plus chaque jour, cela aura un impact. A l’instant où vous auriez envie de râler en faisant la tête, essayez de sourire à la place en faisant passer le même message de mécontentement. Petit à petit, vous verrez, votre bien-être progressera et, ça, c’est top, non ?
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