Mettre fin au concept ridicule de Leadership
Oulaaaaaa, je sais bien que le titre a dû faire sursauter un certain nombre d’entre vous. Mon Dieu, comment peut-on oser remettre en cause le concept de leadership, le graal du manager pour beaucoup ?
En fait, l’idée de cet article m’est venue suite à l’un des commentaires sur l’un de mes articles. Cette personne expliquait, de façon un petit peu pompeuse je dois dire, qu’il était très simple d’être un manager mais beaucoup plus compliqué d’être un leader. Mouais, ok, pourquoi pas. Mais là n’est pas la question en fait.
L’entreprise a avant tout besoin de managers, de bons managers. Un leader n’est pas forcément un manager. Et là, je vous entends d’ici hurler en disant, parce que c’est le contresens souvent exprimé dans la « littérature », « mais siiiiiiiiii, un leader, c’est forcément un super manager ». Et bien non, désolé, et je vais vous le prouver.
Un leader, c’est celui ou celle qui mène un groupe dans une direction. Encore faut-il connaître cette direction. Et oui, c’est le leader qui détermine le chemin à suivre. Steve Jobs, le fondateur d’Apple, était un incroyable leader… mais un piètre manager (sa biographie le montre bien souvent comme étant limite tyrannique). Et pourtant, sans lui, Apple n’aurait pu exister. Jobs était un leader incroyable et sans lui, Apple a failli faire faillite avant qu’il ne revienne avec l’iPod, l’iPhone et tout ce qui s’en suit. Il avait une vision.
Et oui, une entreprise a besoin d’un leader, et de managers qui vont accompagner le mouvement. Une entreprise avec plusieurs leader ne peut fonctionner. Une entreprise, c’est comme un avion. Il y a un pilote, un ou plusieurs co-pilotes, un équipage et des passagers. Il ne peut y avoir plusieurs pilotes.
Alors quand j’entends, ou lis que l’objectif ultime pour tout manager serait de devenir un leader, je vois rouge. Pourquoi ?
1- Commençons déjà par avoir de bons managers dans nos entreprises. Des managers qui se soucient plus du bien-être de leur équipe que du leur. Être un leader n’implique en aucun cas de prendre soin de ses équipes.
2- Il est fondamental d’avoir un leader dans une entreprise, quelqu’un qui a une grande vision. Mais cette personne n’est pas nécessairement un bon manager.
3- Il me semble essentiel de ne pas confondre le leadership et le management. Il est possible, pour ne pas dire souhaitable, d’être un manager exceptionnel sans pour autant être un leader dans l’entreprise.
4- Un grand leader qui ne serait pas bon manager aura l’intelligence de s’entourer de « co-pilotes » sachant être de bons managers.
5- Un leader a des qualités qui ne s'apprennent pas comme, par exemple, le charisme ou le génie créatif...
La simplicité est la sophistication suprême. Leonard de Vinci
Je sais, ce ne sont que des questions de vocabulaire et si l’on cherche la petite bête, nous pourrions dire que chaque manager doit être un leader dans son équipe. Oui… mais non. Le principe même du leader est qu’il définit lui-même la direction à suivre. Reprenons l’exemple de l’avion. Si le co-pilote était un leader, il ne pourrait être efficace dans son rôle d’assistance du pilote, trop occupé qu’il serait à définir la direction que doit prendre l’avion.
Le pire que j’ai jamais vu ? Une conférence donnée sur le management expliquant à une assemblée de managers tétanisés que s’ils voulaient être de bons managers, ils devaient prendre exemple sur Barack Obama… rien que ça !
Et bien non chers amis managers, vous n’avez pas à être Steve Jobs ou Barack Obama pour être de grands managers. Il vous suffit d’être humain, bienveillant et de savoir expliquer le sens de la direction donnée par le leader de l’entreprise. Cela ne veut pas dire que chaque manager ne se doit pas de challenger cette direction de temps en temps, mais au final, il n’y a qu’une seule direction possible. Dans un avion, c’est également le rôle du/de la chef de cabine : expliquer, en cas de problème, qu’il y a un pilote dans l’avion, et qu’il va nous mener à bon port.
Être un leader n’est pas donné à tout le monde et il me semble fondamental de l’admettre. J’ai eu la chance dans ma carrière de travailler avec de grands leaders. Ils m’ont donné envie de me dépasser, d’aller plus loin, de ne jamais me décourager mais j’ai bien conscience que je suis loin, très loin de ces personnes exceptionnelles et, franchement, cela m’est bien égal.
Parler de leadership, ce n’est qu’un autre moyen d’essayer d’ajouter un concept pour rendre complexe quelque chose qui est simple. Il y a beaucoup de managers, il y a peu de leaders. Croyez-moi sur parole, le monde de l’entreprise serait beaucoup plus agréable si tous les managers devenaient simplement de vrais managers… si l’entreprise comptait beaucoup plus de leaders, il est probable que la guerre des egos ferait rage, pas nécessairement pour le bonheur de toutes et de tous. Etre un leader ou un manager... ce sont juste deux métiers différents.
Pour aller plus loin :
Je suis auteur, chroniqueur et conférencier... ci-dessous, quelques liens utiles.
Et beaucoup plus de contenu sur www.gchatelain.com
Je n'ai pas vraiment le sentiment qu'un pilote d'avion soit un "leader" : ce n'est pas lui qui a fait le plan de vol.
Par ailleurs, je n'ai pas compris le rapport de la citation de Léonard de Vinci avec le sujet. En voici une autre : "Ton plan était irréalisable à l’époque et il est périmé aujourd’hui… Comme la machine volante de Léonard de Vinci…" (W. Burroughs).