Le sexisme en question
J'ai été surpris, pour ne pas dire choqué, par certains commentaires concernant le post de Sandrine Chauvin que vous pouvez voir ci-dessous.
Sandrine se plaint d'un commentaire qu'elle juge sexiste. J'utilise à dessein cette expression "qu'elle juge" histoire que ceux qui lui ont expliqué qu'elle faisait du bruit pour pas grand chose comprenne bien la problématique.
La question n'est en aucun cas le fait que ce soit sexiste ou non... la question est de savoir si la réflexion a gêné Sandrine, ni plus, ni moins.
Si l'on sort des cas très classiques, définir le sexisme est chose compliquée, n'en doutons pas. Des cas classiques?
* salaire inférieur pour les femmes
* moins de promotion pour les femmes
* vocabulaire inapproprié dans la catégorie des "salut ma poulette, t'es en beauté aujourd'hui", "oulaaaa, t'as l'air fatiguée ce matin, t'as fait des folies de ton corps ?", "jolie ta jupe dis donc, c'est tentant" (ces phrases sont toutes tirées de mails envoyés sur mon blog... aucune invention.
Si l'on regarde en arrière, la génération de nos mères, et si nous comparons avec certains pays en développement, la situation des femmes occidentales s'est largement améliorée : elles n'ont plus besoin de demander à leur mari si elles peuvent divorcer ou peuvent aujourd'hui avoir un compte en banque (progrès qui datent des années 60) et la situation de l'égalité salariale progresse malgré tout.
Mais une que l'on a dit ça... faut-il s'en contenter ? Faut-il balayer d'un revers de la main ce que dit Sandrine arguant du fait que c'est un tantinet hystérique ou que ce genre de combat n'est pas prioritaire. Ok... je suis certain que si Sandrine avait le choix entre ne plus jamais connaitre ce genre de situation ou avoir le super pouvoir de faire en sorte que les salaires hommes/femmes soient égaux... son choix serait vite fait ! Cela étant dit, pourquoi devrions nous choisir entre fromage ou dessert ?
J'ai le sentiment que les hommes qui ont dit à Sandrine qu'elle devrait revoir sa copie se classent en plusieurs catégorie :
* ceux qui, en tant qu'homme, ne peuvent pas comprendre qu'une femme, au travail préfère que l'on complimente son cerveau plutôt que sa plastique... malheureusement, elles ont parfois, du fait de ce genre de remarques le sentiment d'être plus un morceau de viande qu'un assemblage brillant de neurones. Le besoin de reconnaissance est une réalité... pour tous ! Ce besoin de reconnaissance peut être physique quand on est dans un bar ou une boite de nuit. En entreprise il est normal qu'il soit intellectuel.
* ceux qui voient bien qu'un monde est en train, malgré tout, de disparaître et qui sont effrayé. Cela prendra encore du temps mais le monde 100% masculin est derrière nous et c'est irrémédiable. Personne n'imagine les femmes renonçant aux droits acquis durement parfois mais certains hommes estiment que ces droits sont largement suffisant. Au delà du monde de l'entreprise, ce sont les relations hommes/femmes qui vont devoir évoluer, du moins au travail.
Non, ce n'est pas que ce soit moralement répréhensible ce que cet homme a dit à Sandrine, c'est juste que cela n'a rien de professionnel et que cela renvoie Sandrine à son état de femme... pas à celui de professionnel. Lui dire "j'ai adoré votre dernier article" aurait été tout aussi flatteur... mais moins "vexant".
* les machos. Et oui mesdames, bad news, il en existe encore un certain nombre sur notre planète. Ceux pour qui, quoi qu'il advienne, une femme sera toujours l'inférieure de l'homme. Cette catégorie est indécrottable malheureusement. Il considèrent même que les progrès réalisés sur l'égalité hommes/femmes sont une hérésie. La seule arme contre eux ?
La parole. Je sais que ce n'est pas toujours simple, mais exprimer, clairement, en face à face, que telle attitude ou telle expression est déplacée pousse généralement le macho dans ses retranchements. Imaginons le même scénario que nous a présenté Sandrine... s'en suis le dialogue suivant :
Sandrine : franchement, j'aurais largement préféré que vous me complimentiez sur mes articles !
MachoMan : Pardon ?
Sandrine : vous me faites une réflexion sur mon physique, je trouve cela déplacé.
MachoMan : ben... vous vexez pas M'dame, c'est un compliment
Sandrine : j'aime ce genre de compliment dans un bar ou en soirée mais quand je travaille, c'est mon cerveau qui est en avant... vous comprenez ?
MachoMan : baaaaah... non. Z'êtes hyper prude vous.
Sandrine : vous seriez heureux si je vous disais en vous regardant droit dans les yeux que je trouve votre peau très mal entretenue, vos yeux morts, votre haleine fétide, vos chaussures improbables, votre costume illégal, vos ongles absolument dégueulasses et vos cheveux si gras que l'on pourrait les tordre pour en extraire de l'huile ?
MachoMan : ben... non.
Sandrine : Et bien... vous voyez, nous nous serions rencontré dans un bar, je vous aurais dit tout ça et probablement plus encore si vous aviez essayé de me draguer aussi maladroitement que vous venez de le faire. Mais, comme je suis au travail, je me garderai de le faire... c'est ça le savoir vivre ensemble en entreprise, vous comprenez ?
MachoMan : bah...
Ok Ok... tout cela est de la fiction, je vous l'accorde mais, avouez... on aurait tous adoré assister à ce genre de scène... non ?
Pour aller plus loin lisez l'étude de la Fondation Jean Jaures : LES INÉGALITÉS FEMMES-HOMMES DANS LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE
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