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La bienveillance en entreprise comme source de performance



Trop souvent, bienveillance et performance sont opposées l’une à l’autre. Et pourtant, l’une ne va pas sans l’autre.


Là, je sais bien qu’un certain nombre d’entre vous se disent « QUOIIIII ???? ».


En fait, je crois qu’il faut dans un premier redéfinir ce que l’on entend par « performance dans le cadre de l’entreprise. Performance veut-il dire rentabilité maximale à court terme ou bien optimisation de la performance sur le long terme ? En ces temps où la performance économique des entreprises a été mise à mal, la tentation est grande d’avoir un regard court-termiste : rattraper le retard. Je crois qu’il est fondamental d’intégrer le fait que ce retard ne sera et ne pourra pas être rattrapé. Par contre, construire une nouvelle forme de performance basée sur l’humain, ça, c’est le moment de le faire.


Une performance bienveillante… ça existe ? Pour répondre à cette question, j’aime utiliser le raisonnement par l’absurde : existe-t-il une performance malveillante ? Au risque de vous surprendre, la réponse est oui.


Le seul problème est que cette performance est un leurre car elle se fait contre l’humain. Le pire des managements, c’est l’homme qui manie le fouet sur une galère avec des esclaves qui rament. Certes, la galère avance, c’est certain. Mais sans les coups de fouets ou les chaînes aux pieds, il est probable que pas grand monde ne resterait sur le navire. Toute la question est là. C’est toute la différence entre une motivation obtenue sous contrainte et une motivation choisie de bon cœur. Comme le disait Racine, « qui veut voyager loin ménage sa monture ».


Une fois ce point établi, revenons au sujet de cet article : la performance, lorsque la bienveillance est le maître mot d’une entreprise et de son mode de management, comment est-il possible de la mesurer ? De fait, je le constate depuis quelques années maintenant et le mouvement s’accélère drastiquement depuis l’épisode du corona, la bienveillance à leur égard est devenue une exigence de la part des salariés. Quel salarié souhaiterait travailler dans une entreprise où il n’aurait jamais de feedback, se ferait hurler dessus, personne ne lui dirait bonjour, personne ne l’écouterait ? Mais en retour, qu’offre donc le salarié. Et oui, nous ne sommes pas dans un monde de bisounours. Nous pouvons le regretter, mais in fine, une entreprise doit être rentable pour pouvoir payer les salaires et investir sur l’avenir. Alors être bienveillant… ok. Mais pourquoi ?


1-   Moins de turn-over

On ne quitte pas un travail, on quitte un manager. Plus de 50% des démissions sont la conséquence d’un management de mauvaise qualité. Le management bienveillant, à l’inverse permet fidéliser les salariés. En effet, pourquoi quitter une entreprise qui donne un sens à mon travail et dans laquelle je me sens reconnu et écouté ? Bien entendu, il serait naïf de penser que le niveau de turn-over (le nombre de personnes qui quittent l’entreprise chaque année) tombera à zéro, mais c’est cet indice qui permet de mesurer l’impact de la bienveillance.


Recruter coute cher et peut être long, former les nouveaux entrants prend du temps, sans parler du risque non nul de faire une erreur de casting. Réduire son niveau de turn-over est un élément clé de la performance d’une entreprise. Par ailleurs, un salarié loyal est un salarié qui généralement parle en bien de son entreprise, à ses proches, sur les réseaux sociaux etc etc.

"Nous respectons plus les morts que les vivants. Il aurait fallu respecter les uns et les autres." Voltaire

2-   Plus d’engagement

On ne se bat jamais autant que pour les choses que l’on aime, c’est bien connu.

La peur de la sanction si l’on n’atteint pas son objectif n’a jamais été efficace. Il est commun d’entendre parler de « stress positif ». Le stress n’a aucun impact positif en entreprise ; et dans un monde qui découvre avec horreur un nombre de burn-out qui augmente d’année en année, les entreprises qui prennent conscience de cela auront les salariés les plus engagés. Selon une enquête réalisée par le site de recherche d’emploi Indeed, 66% des salariés se sentent concernés par le stress au travail. 24% sont en hyperstress (observatoire du stress au travail). Le stress empêche un salarié de se focaliser pleinement sur une tâche : peur de mal-faire, peur de ne pas atteindre son objectif, au final, il dépensera plus d’énergie à gérer son stress qu’à avancer. Par ailleurs, les impacts du stress sur le sommeil, pour ne parler que de cela, font que petit à petit, il épuise le salarié qui sera de moins en moins engagé.


Une étude Gallup de 2017 a montré que les salariés français étaient dans le peloton de queue de l’engagement des salariés avec moins de 6% qui se déclaraient engagés au travail. La bienveillance en entreprise permet de mettre en place un environnement serein et respectueux de chacun et c’est grâce à elle que, grâce à une parole libérée, des objectifs réalistes et ambitieux pourront être mis en place sans pour autant être perçu par les salariés comme étant un vœux pieux, mais comme un projet collectif dont chaque individu est responsable.


3-   Plus de productivité

L’engagement n’est rien s’il n’est pas accompagné de son cousin : la productivité. Trop souvent, l’engagement d’un salarié est évalué à l’aune du nombre d’heures passées par celui-ci au bureau. Mais quand vous savez qu’en moyenne, un salarié français va passer 1 heure par jour à se promener sur ses réseaux sociaux personnels, au bureau ! Ne vaut-il pas mieux un salarié qui part tous les jours à 17.00 et qui a une vraie vie personnelle, mais qui ne fait que travailler quand il est au bureau, ou un qui part à 19.00 tous les jours en étant peu productif et en ayant une vie personnelle dégradée ?


Être bienveillant, c’est intégrer pleinement le fait que la productivité de chacun est en partie liée au bon équilibre entre la vie privée et la vie professionnelle. Je parle à beaucoup de DRH actuellement qui ont fait des études en interne pour évaluer la productivité en ces temps de télétravail. L’écrasante majorité constate une augmentation de celle-ci. Il existe un formidable paradoxe : le bien-être au travail qui va faire que l’on passera moins de temps au travail va augmenter notre productivité. Comment ?


Il s’agit d’un phénomene décrit par Cyril Nothcote Parkison dans sa loi qui dit que « le travail s’étale de façon à occuper le temps disponible pour son achèvement ». En fait, si vous avez une tâche qui techniquement doit vous prendre une heure, si vous avez 2 heures à votre disposition, vous étalerez cette tache afin qu’elle remplisse les 2 heures. Cela explique grandement le présentéisme. En Suède, passé 17.00, plus personne ne travaille comme dans beaucoup d’autres pays. Passer d’ une évaluation des salariés en fonction du temps qu’il passent au bureau à une évaluation sur ce qu’ils produisent permettra non seulement de réaliser les même taches, mais de libérer du temps pour les salariés… pour eux !


Conclusion

Je sais, il est moins glamour et plaisant de dire que la bienveillance n’est pas qu’un concept humaniste mais répond également aux impératifs du monde capitaliste dans lequel nous vivons. Cela étant dit, quelle meilleure alternative que celle qui donne satisfaction à toutes et à tous ? Salariés heureux et entreprises rentables… que demander de plus ?



Pour aller plus loin :


Je suis auteur, chroniqueur et conférencier... ci-dessous, quelques liens utiles.

Et beaucoup plus de contenu sur www.gchatelain.com




Avec Bob sur scène

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