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Pourquoi l’intelligence émotionnelle est devenue plus importante que l’intelligence cognitive (Q.I.)


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Vous savez à quoi on peut être certain qu’on a pris de l’âge ? Quand on commence à dire « de mon temps ». Bon, je dois bien l’avouer, c’est mon cas. J’ai commencé à travailler au siècle dernier ; je sais, rien que cette phrase me laisse sans voix. Et bien, des expressions de vieux, j’en ai un paquet :


· De mon temps, un bon salarié, et encore plus un manager, ne devait pas avoir d’émotions !

· De mon temps, les imposteurs qui parlaient bien étaient souvent plus reconnus que les discrets qui faisaient bien.

· De mon temps, un manager qui hurlait sur ses équipes quand les résultats n’étaient pas atteints, c’était normal.

· De mon temps, une présentation Powerpoint avec plein de chiffres et de phrases complexes, c’était la norme.

· De mon temps, un salarié motivé, c’était un salarié qui partait le soir après son manager.

· De mon temps, pour motiver un salarié, on pensait que donner une prime était suffisant.

· De mon temps, ce qui comptait le plus, c’était la capacité d’un manager à faire atteindre les objectifs à son équipe, peu importe le capital humain.

· De mon temps, un manager avait toujours raison !


Bref, de mon temps, l’humain avait un tantinet disparu derrière les chiffres, les résultats, la performance à tous prix. Le symbole absolu de cette période ? France Télécom bien entendu avec son PDG, Didier Lombard reconnu coupable de « harcèlement moral institutionnel » et condamné à 1 an de prison (dont 8 mois avec sursis) et 15 000 € d’amende pour lui et les 2 ex-dirigeants reconnus coupables.


Mais cette entreprise était loin d’être la seule dans ce cas et la Qualité de Vie au Travail n’est devenue une réalité en France que depuis cette vague de suicide.


Oui, de mon temps, l’intelligence émotionnelle n’avait pas sa place, et il suffit pour s’en convaincre de relire les minutes de ce procès et les déclarations de son PDG pour s’en convaincre.

Mais ce procès n’explique pas tout, loin de là. Le chemin aura été long, et nous n’en sommes pas au bout. L’intelligence émotionnelle en entreprise devient de plus en plus importante chaque jour, et cette évolution n’en est qu’à son début, et ce, selon moi, pour 5 raisons principales :


1- L’exigence des salariés

Histoire d’être factuel, qui trouverait normal de nos jours qu’un manager traite de gros nul un collaborateur ou une collaboratrice qui n’aurait pas atteint ses objectifs, ou se permettent de hurler sur eux pour un oui ou pour un non ?

Est-ce que cela existe encore ? Oui, bien entendu. Le harcèlement moral est loin d’être éradiqué dans les entreprises, mais ces dernières y prêtent une exigence plus forte, certes, du fait du procès France Télécom, mais également parce que contrairement au siècle dernier, le chômage de masse a disparu pour un grand nombre de catégorie de salarié.


Petit test : imaginez un développeur informatique qui arrive le matin au travail, en présentiel et n’est vraiment pas, mais pas du tout en forme pour une raison personnelle. Il est tellement fatigué qu’il s’endort sur son bureau. Son manager voyant cela s’approche, se saisit du dossier de sa chaise, le tire en arrière afin que le dormeur se réveille en se cognant la tête sur la table (histoire vraie reçue la semaine dernière sur mon blog).


Question : à votre avis, combien de temps cela prendra t’il à ce salarié pour donner sa démission ?


Réponse : 5 minutes.


Il est clairement établi désormais dans l’esprit des salariés que le travail ne peut en aucun cas justifier tous les comportements et cela est d’autant plus vrai chez les générations Y et Z.

Pour faire court, ce qu’un salarié ne tolérerait pas dans sa vie privée le tolère de moins en moins dans sa vie professionnelle.


2- La réalité en termes de performances

Et oui, le temps où il fallait fouetter les galériens pour avancer est révolu. Cet image des galériens peut sembler exagérée, mais je peux vous assurer qu’un certain nombre de représentants de ma génération ont entendu cette phrase en réponse à une plainte quant à sa quantité de travail ou au comportement de son manager : « non mais dis donc, si t’es pas content.e, y en a 10 qui veulent ton travail ».


Oui, la pression à l’emploi existait, et nous y reviendront, mais l’essentiel n’est pas là. Toutes les études montrent désormais qu’un salarié qui se sent bien physiquement et psychologiquement sera plus impliqué, plus motivé, plus créatif et surtout, plus fidèle à son entreprise.


Pour s’en convaincre, il suffit de parler avec des salariés ayant fait un burn-out. Plus la pression est forte, plus le mal-être augmente et plus la performance baisse, jusqu’à ce qu’elle disparaisse totalement.


3- La réalité du marché de l’emploi

Le principe de l’offre et de la demande fait évoluer les exigences des salariés. Et oui, quand le chômage est au-dessus de 10% comme cela a été le cas pendant des années, forcément, on se considère bien content d’avoir un travail, quitte à accepter quelques désagréments.


Force est de constater que le « rapport de force » est inversé sur un nombre grandissant de métiers ; ce sont les salariés qui fixent les règles : télétravail, bien-être au travail, équilibre vie privée / vie professionnelle… autant de sujets qu’il est difficile d’adresser sans une véritable intelligence émotionnelle.

Je me rappellerai toujours ce que m’a dit le patron d’un CHU dans lequel je venais de donner une conférence sur le bien-être au travail. Il vient me voir quelques minutes après la fin de la conférence et me dit : « franchement, sympa votre conférence Gaël… bon, mais c’est quand même bisounours parce qu’on ne va pas se mentir, hein… dans la vie, mis à part le travail… il y a quoi ? ».



Je ne vous cache pas que dans un premier temps, j’ai cru qu’il plaisantait, mais en fait, non, pas du tout, il était très sérieux. Pour lui, la vie devait se résumer à son travail. Et ce qu’il appliquait malheureusement à lui-même, il l’imposait malheureusement à ses équipes... je vous laisse imaginer l’état psychologique de celles-ci.

L’intelligence émotionnelle, c’est de comprendre que les motivations de chaque personne pour travailler sont différentes, et, surtout, qu’il n’y en a pas une plus importante ou sérieuse qu’une autre… voilà toute la difficulté. L’intelligence émotionnelle impose une adaptation à chaque salarié alors que l’intelligence cognitive permettait une gestion globale et englobante des salariés.


“Ecoute ton cerveau, il est plus intelligent que toi.” Philippe Michel

4- L’évolution des modes de vie et de travail

L’avènement du travail hybride signe l’avènement de l’intelligence émotionnelle. Pourquoi ? Parce que beaucoup de manager ont (enfin) réalisé que chaque salarié ne peut être managé de la même façon. Et oui, être en télétravail avec une connexion en fibre optique ou avec une connexion digne des débits des années 90, ce n’est pas la même chose… au même titre que ce n’est pas aussi simple de télétravailler quand on a deux enfants en bas âge dans un appartement de 35mêtres carrés ou que l’on n’a pas d’enfant et que l’on vit dans une maison avec jardin.


L’intelligence émotionnelle, c’est elle qui donne cette petite part d’empathie qui permet de comprendre que chaque personne ne fonctionne pas comme soi.


La pandémie, et notamment le premier confinement, auront fait prendre conscience à quel point les managers de proximité sont importants, pour ne pas dire fondamentaux. Et non, un manager de proximité, ce n’est pas que le garant de l’application de directives, c’est le garant du bien-être des équipes et, in fine, de leur performance. Le temps des petits-chefs est révolu.

Oui, je le sais, il existe encore des petits chefs… mais au même titre qu’avec me too la peur a changé de camp en termes de harcèlement sexuel, je vois quotidiennement qu’en termes de harcèlement moral, une tendance identique est commencée.


5- Le besoin de sens

Gagner de l’argent… c’est bien, mais ce n’est plus suffisant. Le temps où il suffisait de donner une prime ou une augmentation pour revigorer un salarié est derrière nous. On le voit bien avec le métier de serveur.se ; travailler tous les soirs et tous les week-ends, quel que soit le salaire, ce n’est plus possible.


Avant la pandémie, je donnais une conférence devant des patrons de bars dont certains avaient déjà compris cela et d’autres… non. C’était vraiment intéressant de voir ces deux catégories de managers s’opposer avec d’un côté l’ancienne école qui disait « nous, on en a chié, je vois pas pourquoi ça serait différent pour les jeunes » et les autres qui disaient « le monde a changé, les gens ont changé, les attentes ont changé… on doit changer si on veut recruter ».


J’ai adoré cette conférence car elle montrait à quel point l’intelligence émotionnelle peut agir sur des choses aussi stratégiques que le recrutement. Et oui, désormais, et il faut s’en réjouir, il s’agit de moins en moins de vivre pour travailler, mais de plus en plus travailler pour vivre et trouver, autant que faire se peut, du sens.


L’intelligence émotionnelle, c’est prêter attention au fait que le sens donné à un même travail ne sera pas le même pour deux salariés. L’un pourra travailler juste pour l’argent tandis que l’autre y verra un accomplissement personnel… aucun des deux ne vaut mieux que l’autre, mais les deux ne se manageront pas de la même façon !


CONCLUSION

Ne soyons pas trop bisounours… bien sûr que l’intelligence cognitive a toujours son importance et, d’ailleurs, il ne s’agit pas d’opposer ces deux formes d’intelligences l’une à l’autre ; par contre, une chose est certaine, le temps de l’intelligfence cognitive comme unique forme d’intelligence… ce temps est révolu.


Je sais que cela peut sembler stupide de dire cela, mais la pandémie a permis à un grand nombre de dirigeants de réaliser qu’une entreprise sans salariés ne fonctionnait pas, et qu’un salarié n’était pas un robot… pour le motiver, parler à son cerveau ou à son portefeuille, c’est bien, mais parler à ses émotions, c’est encore mieux.


Et vous, côté intelligence émotionnelle, vous en êtes où ? pour le savoir, vous pouvez faire ce test gratuit.


La vidéo pour aller plus loin :






Pour aller plus loin :


Je suis auteur, chroniqueur et conférencier... ci-dessous, quelques liens utiles.



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